Cet article a été écrit par les correspondants de Nouvelle Époque présents à Toulouse
Ce 1er mai 2024 à Toulouse a clairement montré que nous sommes dans une situation révolutionnaire en développement inégal, c’est-à-dire que les gouvernants ne peuvent plus gouverner comme ils veulent car désormais le peuple ne se laisse plus faire. Le cœur de tout ce processus est la régression de la tendance à la dispersion qui existait auparavant, peu à peu remplacée par une tendance à l’unité qui lie tous les démocrates et révolutionnaires dans la lutte. Voici un retour moment par moment de cette grande journée de lutte que fut le 1er mai 2024 à Toulouse !
La manifestation : L’unité des révoltés face à la police réactionnaire
Un des événements les plus marquants de la manifestation fut la tentative de charge de la police qui s’est soldée par un échec, relativement à l’énergie qui a été mise dans cette charge. La situation qui va être décrite ici résume aussi la friction qui existe entre réformisme et révolution dans le syndicat, et l’importance d’intégrer ceci lorsque l’on en fait la critique.
Rappelons le contexte. La manifestation est composée ainsi : à l’avant, un cortège de tête « autonome » réunissant environ 200 personnes, ainsi que le cortège CGT avec son camion et les cortèges des différents syndicats. Lors de ce 1er mai, l’animation avait été confiée au Collectif Jeunes CGT. Entre les deux, le cordon du service d’ordre (s.o.) de l’intersyndicale. Derrière, un cortège « antifasciste et antiimpérialiste » composé principalement du Comité de Soutien à la Palestine, de l’Action Antifasciste de Toulouse et du Collectif Populaire contre L’Extrême-Droite.
Soulignons déjà une chose : partout, la question de l’antisionisme et du soutien à la Palestine et sa résistance est à l’avant, que ce soit dans le cortège antiimpérialiste des antifascistes, dans le cortège des jeunes combatifs de la CGT ou encore chez les autonomes. Ensuite, une autre chose à souligner : c’est la première fois à Toulouse depuis bien longtemps que la jeunesse (notamment le Collectif Jeunes CGT et les activistes de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire) sont à la pointe d’une manifestation syndicale. Le tout animé de slogans combatifs, notamment contre le capitalisme, le racisme, l’impérialisme et appelant à l’unité des prolétaires contre la menace réactionnaire et les opportunistes.
Le point culminant fut atteint lors de la charge de la police : alors que le cortège quittait la place Jeanne d’Arc, la police a reçu ordre de couper la tête de cortège en deux, sous le prétexte de casse et de graffitis réalisés. Le cortège de la jeunesse entraîné par le Collectif Jeunes de la CGT a décidé de tenir la ligne face à la charge, tous les éléments combatifs s’étant réfugiés dans le cortège du Collectif Jeunes. Nous avons assisté à un moment d’autodéfense où, unies par une même volonté, les masses ont pu repousser une charge. Grâce à cette unité et surtout à la ligne de la CGT, qui est la plus grande organisation politique du prolétariat aujourd’hui en France, de nombreuses arrestations ont été empêchées et les flics ont dû faire machine arrière. Lors de la débâcle, un autre groupe de policiers aux mains avec des manifestants est tombé au sol et a été malmené. Par la suite, le cortège entier a été reformé extrêmement rapidement car il n’avait pas été coupé en deux jusqu’au bout. La manifestation s’est poursuivie jusqu’à Arnaud Bernard, où la police a de nouveau attaqué les manifestants avec les armes à sa disposition lors d’un moment de calme, et la BAC a pu procéder à une arrestation lourde de conséquence pour l’interpellé, avec du ferme à la clé.
Ce qu’il faut retenir de cette manifestation, c’est surtout que c’est l’unité des révoltés qui a permis de défendre nos droits démocratiques. Une CGT mobilisée et déterminée est assurément la garante de nos droits démocratiques. C‘est pour cela que quand l’État mène sa politique antisyndicale, ce sont les droits démocratiques qui en pâtissent et plus largement toutes les classes populaires.
Fête à l’Union Locale CGT du Mirail : mettre fin à l’atomisation de la classe
Suite à la manifestation, de nombreux moments festifs ont eu lieu dans le département, organisés par la CGT, notamment à la Bourse du Travail et au quartier du Mirail. Comme nous avons suivi et continuons de suivre de près la lutte menée par les habitants au travers du Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité (CPES – Mirail), nous avons participé à cette dernière, pensant que cette initiative était extrêmement importante politiquement.
En effet, cette fête a été co-organisée par l’Union Locale CGT du Mirail et par le CPES, avec trois thèmes principaux :
-L’augmentation des salaires
-Le logement décent pour tous
-La libération de la Palestine
La fête a rassemblé plus d’une centaine de personnes au cœur du grand quartier populaire toulousain. Syndiqués sur le secteur de l’UL et parfois au-delà, « autonomes », gilets jaunes, révolutionnaires, soutiens de la Palestine et habitants du quartier du Mirail se sont retrouvés pour un moment convivial.
Un représentant de l’UL CGT a pris la parole pour présenter l’après-midi et son importance dans le contexte actuel de regain de lutte des classes. L’accent a été mis sur le fait de faire l’unité malgré les différences organisationnelles entre les habitants des quartiers populaires et les travailleurs du syndicat, car nous demeurons membres de la même classe : le prolétariat. Selon l’UL du Mirail, les luttes pour les salaires et les luttes pour le chauffage et contre la destruction du logement social sont la même chose, car ce sont des attaques contre notre classe. Il a donc été rappelé qu’il fallait continuer de se battre et de répondre de la façon la plus unitaire possible, et que le travail commun mené depuis plusieurs mois et cette fête sont un premier jalon.
Ensuite, un intervenant du CPES a pris la parole pour expliquer les luttes en cours depuis janvier, sur la question des chauffages et des destructions d’immeubles – luttes que Nouvelle Époque a pu suivre -, la création petit-à-petit des Assemblées Populaires, les différentes actions comme l’interpellation du maire du quartier, le déploiement d’une grande banderole sur l’immeuble « Grand d’Indy »… L’intervenant a appuyé ce qui a été dit auparavant, sur la nécessité de l’unité des exploités, et a rappelé les prochains rendez-vous, notamment la manifestation contre les destructions d’immeubles programmée pour le 25 mai à 14h30, au départ de la place Abbal.
La troisième intervenante parlait au nom du Comité de Soutien à la Palestine 31, invité de cette fête. Elle a rappelé essentiellement l’importance du combat pour la libération de la Palestine et contre l’impérialisme, et que soutenir la résistance palestinienne était très important car c’est un peuple qui résiste à l’oppresseur depuis 1948 et bien avant encore. Le Comité Palestine a expliqué que le peuple palestinien était un exemple de résistance pour les peuples partout dans le monde, et qu’avec la criminalisation du soutien à la Palestine depuis octobre, il est encore plus important d’affirmer une voie pro-résistance en France.
La quatrième et dernière intervenante fut la secrétaire générale de l’UL CGT Mirail, qui remercia tout le monde d’être là cette après-midi, et appuya la nécessité de cette unité dans les luttes sur le terrain, développant que c’est avec celle-ci seulement que nous pourrons lutter efficacement et engranger des victoires. La prise de parole s’est terminée par un point sur la répression en cours contre les soutiens à la Palestine, qui n’est pas à délier de la répression exercée contre les révoltés de juin 2023 ou encore les syndicalistes inquiétés pendant la Bataille des retraites. Le discours combatif de cette UL CGT a été grandement applaudi, et les plus de 110 participants ont tous ensemble entonné le chant de lutte « on est là ».
Dans la continuité de cela, une photo/vidéo d’action collective a été réalisée pour soutenir Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’UD CGT Nord, condamné pour apologie du terrorisme pour un simple tract en soutien à la Palestine, ainsi que tous ceux et toutes celles subissant la répression de l’Etat pour avoir osé lutter. A la suite de cette action, l’Internationale, le chant du prolétariat international, a été entonnée avec force.
Juste après, un activiste du comité Palestine a pris la parole pour parler du jumelage Toulouse-Tel Aviv, présentant alors l’histoire de la petite ville de Yaffa, annexée par l’Etat sioniste, avant d’appeler à aller coller tous ensemble une plaque de rue contre le jumelage Toulouse-Tel Aviv, renommant la place « Place Yaffa ». La place avait déjà été renommée lors des manifestations pour la Palestine au Mirail l’automne dernier ; ici, c’est une façon d’entériner de façon définie ce soutien populaire à la Palestine face à la mairie prosioniste. De plus, c’est une provocation envers les habitants du Mirail de nommer une telle place comme cela, car ici le soutien à la Palestine n’est même pas une question mais une évidence éduquée dès l’enfance.
Lors de l’événement, un document de l’UL CGT intitulé « Vive la lutte de classe et combative ! Vive le 1er mai ! » a été distribué à tous les participant. Ce document politique retrace l’histoire du 1er mai comme journée internationale de lutte du prolétariat, et traite aussi de l’importance de cette journée dans la période actuelle, celle de l’offenfive de la Révolution Prolétarienne Mondiale, alors que l’impérialisme est en décomposition.
L’après-midi s’est poursuivie et a permis de nouer les liens entre les différentes personnes présentes, de rencontrer de nouvelles personnes prêtes à rejoindre la lutte que ce soit dans le syndicat ou au CPES, et aussi, de réconcilier : des « autonomes » étaient venus à ce moment fraternel, certains par réel intérêt pour le travail mené par le syndicat et le CPES, et d’autres par envie de de demander des comptes sur l’action du s.o. : au final, ils sont ressortis de cette fête en chantant la Varsovienne aux côtés des travailleurs en lutte, remettant en question leurs idées sur le syndicat.
Les plus jeunes ont pu profiter de l’atelier de boxe, ou encore jouer à divers jeux à l’abri de la pluie et du vent.
La fête s’est finie vers les alentours de 20h, tout le monde sortant très heureux de ce grand moment fraternel. Les paroles et les regards en disait long sur l’envie de voir la suite des évènements, que ce soit les prochaines grèves (avec par exemple celle des employés de ONET, la société de nettoyage du CHU de Purpan) ou bien les prochaines luttes au Mirail avec la manifestation du 25 mai pour défendre le quartier. Ce qui est sûr, c’est que les participants ont tous et toutes reconnu une réelle syntonie entre eux malgré leurs divergences : l’avenir est prometteur, et les luttes des prolétaires sur leur lieu de vie comme de travail doivent absolument être liées comme elles le furent avant que le révisionnisme ne ravage tout sur son passage.
Combativité et unité de classe
Ces deux principes politiques sont les plus importants et ils doivent nous guider vers la Révolution, car sans combativité, par de victoire face à l’appareil l’étatique réactionnaire et ses armées, et sans unité, l’isolement tue dans l’œuf tout mouvement le plus combatif. Nouvelle Epoque a pu voir l’application de ces principes, qui a fait faire un saut qualitatif au 1er mai à Toulouse : la combativité du cortège CGT et des activistes révolutionnaires ou l’unité des manifestants pour repousser la police sont des exemples déjà frappants ; mais pour notre journal, le plus important est l’unité acquise dans la lutte combative entre le CPES et l’UL CGT du Mirail, car le CPES appuie et appuiera régulièrement les syndicats de l’UL CGT lors des futures grèves, et inversement, l’UL CGT Mirail appuie le CPES dans sa lutte.
Ce 1er mai 2024 à Toulouse, nous avons pu voir de nos propres yeux le développement de la situation dans le pays. Une unité de classe est en train d’être forgée dans tout le pays au fur et à mesure des années, au fil des coups de matraques et des décisions de justice. La résignation est loin d’être la tendance, bien au contraire le peuple veut s’unir et gagner !