A notre époque, celle de l’impérialisme, des guerres et des révolutions, la contradiction principale qui fait bouger le monde est celle qui agite, d’un côté, une poignée de pays exploiteurs, et de l’autre, une majorité de pays opprimés.
Cette situation engendre de nombreuses luttes pour la libération, l’indépendance, l’émancipation de ces pays des chaînes de l’impérialisme. Ce sont les mouvements de libération nationale. Ceux-ci ont lieu essentiellement dans les semi-colonies et les colonies des pays impérialistes. Certains, comme la Palestine, sont devenus des symboles mondiaux.
Qu’est-ce qu’une colonie ? Qu’est-ce qu’une semi-colonie ?
Le développement historique du capitalisme et de l’impérialisme a engendré la domination totale de certains pays sur des peuples et des nations entières. C’est ce que l’on a appelé les colonies. Les exemples les plus connus sont les colonies d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique Latine. A la fin du 19ème siècle, il y a un développement particulièrement féroce des colonies par les pays européens. En France, l’impérialisme a énormément colonisé. Ainsi, l’Algérie ou encore le Vietnam, le Laos et le Cambodge sont des exemples typiques de la colonisation française.
Cependant, tous les pays n’ont pas été totalement colonisés. Pour une partie, comme la Chine ou bien la Turquie, le pays était formellement indépendant, bien que les puissances étrangères fassent en réalité la loi. C’est ce que les marxistes ont appelé les « semi-colonies », c’est-à-dire un pays à l’indépendance formelle mais dont toute la vie économique, sociale et politique est soumise aux puissances impérialistes.
Sous la pression de la révolution prolétarienne et des mouvements de libération nationale, entre 1945 et 1965, beaucoup de colonies prennent leur indépendance, notamment en Afrique. Certains régimes s’installent avec la collaboration directe des impérialistes français ou britanniques notamment (Maroc, Cameroun…) tandis que d’autres peuples conquièrent leur indépendance armes à la main. L’Algérie est l’exemple le plus célèbre.
Ces pays ont-ils conquis une réelle indépendance ? Force est de constater que l’économie coloniale est restée, et que s’est installée une nouvelle forme de domination, basée sur la compétition entre grandes puissances pour corrompre les élites locales et s’approprier les ressources de tel ou tel pays. La France utilise des bourgeois mercenaires comme Jacques Foccart, pour assassiner et contrôler le Gabon, la Côte d’Ivoire, l’Algérie, Madagascar, la Guinée entre autres. Ce sont donc des semi-colonies.
La différence entre une colonie et une semi-colonie ne réside pas principalement dans l’existence d’un État indépendant, mais dans le fait que le marché d’une semi-colonie est concurrentiel pour les impérialistes, là où le marché d’une colonie est approprié par une seule puissance. Par exemple, le Mali ou bien le Tchad sont aujourd’hui des semi-colonies, là où la Kanaky (Nouvelle-Calédonie) est une colonie française dans l’Océan Pacifique.
Le marxisme et la libération nationale
Aujourd’hui, la majorité de la population mondiale vit dans les pays opprimés. C’est une quantité incroyable de paysans, d’ouvriers, de semi-prolétaires, de petits bourgeois et autres qui ont raison de se révolter contre l’oppression qu’ils subissent de l’impérialisme. Des pays sont pillés et mis en coupe réglée dés qu’ils réagissent face aux pressions impérialistes.
Déjà quand Marx et Engels écrivaient au 19e siècle, la majorité de la population mondiale vivait dans des pays qui étaient en train d’être soumis par les pays européens qui développaient le capitalisme. L’Inde, par exemple, était une grande puissance manufacturière avant l’invasion britannique qui a détruit son économie. Marx et Engels ont donc parlé du colonialisme et des colonies, en Inde, en Chine, en Perse (actuel Iran), mais aussi en Grèce, en Irlande ou en Pologne.
Lorsque Lénine et les bolchéviks font la révolution en Russie en 1917, l’Empire Russe est une prison des nations, c’est donc en toute logique que la question nationale est un sujet majeur. Les marxistes reconnaissent aux nations le droit à disposer d’elles-mêmes, c’est-à-dire le droit de choisir leur destin indépendamment de la nation qui les opprime. Ainsi, la Finlande obtient par exemple son indépendance en décembre 1917.
Dans le contexte de l’impérialisme, Lénine affirme la liaison indéfectible entre les révolutions prolétariennes et le mouvement de libération nationale. Au Deuxième Congrès de l’Internationale Communiste : « On ne peut donc plus se borner à reconnaître ou proclamer le rapprochement des travailleurs de tous les pays. Il est désormais nécessaire de poursuivre la réalisation de l’union la plus étroite de tous les mouvements émancipateurs nationaux et coloniaux avec la Russie des Soviets, en donnant à cette union des formes correspondantes au degré d’évolution du mouvement prolétarien parmi le prolétariat de chaque pays, ou du mouvement émancipateur démocrate bourgeois parmi les ouvriers et les paysans des pays arriérés ou de nationalités arriérées. »
Lénine lègue également aux communistes des pays opprimés la tâche d’adapter la révolution à leurs pays. Afin de se libérer des montagnes qui pèsent sur ces peuples, l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique, Lénine leur donne dans les années 1920 l’orientation suivante : « Mais nous voyons qu’ils [les prolétaires des pays européens] ne seront pas victorieux sans l’aide des travailleurs de toutes les nations coloniales opprimées, en premier lieu des nations de l’Est. Nous devons comprendre que la transition vers le communisme ne peut être accomplie par l’avant-garde seule. La tâche consiste à éveiller les masses laborieuses à l’activité révolutionnaire, à l’action indépendante et à l’organisation, quel que soit le niveau qu’elles ont atteint ; à traduire la véritable doctrine communiste, qui était destinée aux communistes des pays les plus avancés, dans la langue de chaque peuple ; à réaliser les tâches pratiques qui doivent être accomplies immédiatement et à rejoindre les prolétaires d’autres pays dans une lutte commune. » (Adresse au Deuxième Congrès des Organisations Communistes des Peuples de l’Orient).
Cette vision a, finalement, été prophétique, avec les tempêtes révolutionnaires qui ont agité l’Asie après la mort de Lénine et la victoire de la révolution en Chine. Le Président Mao a scellé l’unité entre les révolutionnaires des pays impérialistes et des pays opprimés quand il affirmé : « Nous devons nous unir au prolétariat de tous les pays capitalistes, au prolétariat du Japon, de la Grande-Bretagne, des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Italie et de tous les autres pays capitalistes, avant qu’il ne soit possible de renverser l’impérialisme, de libérer notre nation et notre peuple, et de libérer les autres nations et peuples du monde. Tel est notre internationalisme, l’internationalisme avec lequel nous nous opposons à la fois au nationalisme étroit et au patriotisme étroit. »
Aujourd’hui, la bourgeoisie impérialiste de différents pays joue un rôle sombre dans les pays opprimés pour se partager leur butin. Les classes dirigeantes de ces pays sur tous les continents, y compris en Europe à l’Est, ont trahi les aspirations de liberté et d’indépendance pour se vendre au plus offrant et maintenir une terrible exploitation. Dans ce contexte, seul le prolétariat peut prendre le pouls des revendications du peuple dans les pays opprimés. Sous sa direction, les masses peuvent faire la révolution et, seulement à ce moment là, le mouvement de libération nationale peut enfin être victorieux.