Nous avons déjà relaté dans un précédent numéro les événements récents au Mali. Nous traiterons ici de la situation au Tchad, un pays d’Afrique centrale situé au sud de la Lybie. Nous ne parlons pas de ces pays par hasard, mais parce que l’impérialisme français – à travers ses grands monopoles économiques, son armée et beaucoup d’autres artifices – y est le principal pourvoyeur de misère et de malheur. En tant que journal démocratique et révolutionnaire basé en France, il est plus que capital pour nous de montrer la réalité de l’impérialisme français, notamment en Afrique, ainsi que de mettre en avant les luttes des peuples en Afrique contre le système de vol organisé qui sévit dans leurs pays. Nous devons saisir que des franges de plus en plus larges des masses du continent africain entrent en lutte prolongée contre les vieux Etats impérialistes et leurs serviteurs corrompus à leur service, les Etats locaux, et que ce processus va se développer toujours plus, dans le cadre de l’offensive de la Révolution Prolétarienne Mondiale qui gronde.
Le 14 mai 2022 a eu lieu une manifestation à N’Djamena, la capitale du Tchad. Plusieurs centaines de personnes ont montré leur rejet de la présence impérialiste française dans leur pays de manière extrêmement combative. En effet, au cours de la marche, les manifestants ont par exemple brûlé deux drapeaux français. On pouvait aussi entendre et lire tout au long de la marche des slogans tels que « Tchad houra, France barra » (Tchad libre, France dégage), « Non à la France, nous sommes fatigués », « La France, la Voleuse », qui reflètent bien le fond de la mobilisation.
Dans la manifestation étaient présents de nombreuses personnalités démocratiques, des grandes figures de la société civiles, des élèves, des étudiants et bien d’autres couches de la société tchadienne, ce qui montre que la lutte s’élargit à tous les secteurs de la population ; la dénonciation de l’impérialisme français se fait de plus en plus clairement et s’organise autour d’un pôle brûlant, opposé au pillage mené par les grandes entreprises françaises.
Durant la marche, des centaines de lycéens à moto ont rejoint la manifestation avec ferveur et ont accentué le côté combatif que portait déjà l’événement, ce qui est à remarquer.
Fait très intéressant, deux manifestants ont, à un moment, grimpé sur un pylône pour y hisser le drapeau de l’impérialisme russe. Un manifestant explique : « Le peuple tchadien est sorti pour exiger le départ de l’armée française du Tchad. La colonisation est terminée. Tchad libre, France dégage. Vive la révolte tchadienne ». Ce genre d’action symbolique explique beaucoup de choses sur la situation au Tchad, et elle n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé au Mali et que nous avions déjà expliqué.
En effet, au Mali comme au Tchad, la lutte contre l’impérialisme français se fait aujourd’hui sous des drapeaux réactionnaires, ceux de l’impérialisme russe et même parfois de l’impérialisme chinois ! Cependant il faut bien comprendre le fond des choses : aujourd’hui le plus important pour les peuples de ces pays est de combattre l’impérialisme français, impérialisme présent sur ces pays de manière hégémonique. C’est pour cela que le drapeau de l’impérialisme russe est parfois brandi, car les masses se tournent vers un impérialisme montant pour en déstabiliser un autre, en état de putréfaction avancée. De l’autre côté, ceux qui mènent actuellement la guerre d’agression sur l’Ukraine y trouvent leur compte : ils peuvent combattre l’influence française et gagner petit à petit de l’influence dans les pays d’Afrique, pour concurrencer les puissances impérialistes d’Europe de l’Ouest. Sur le moyen-long terme, tout cela est de bon augure pour les Russes, qui voient déjà les parts de marchés des pays ciblés être englouties par leurs monopoles économiques et se délectent par avance.
A la fin de la marche, galvanisés par une combativité du plus haut niveau, les manifestants ont voulu dépasser le point où devait s’arrêter la marche pour atteindre l’ambassade de la France. Le rassemblement a alors été dispersé à coups de grenades lacrymogènes et dans le chaos. A la suite de cela, des groupes de jeunes se sont formé et ont vandalisé plusieurs stations d’essence de la marque Total, entreprise qui symbolise par excellence l’emprise économique totale des grands monopoles impérialistes français sur le pays. Ce monopole français de première importance est très souvent visé dans les actions anti-impérialistes en Afrique – tout comme Auchan, Orange, ou encore Orano -, signe que le peuple a conscience de la source véritable de tous ses problèmes.
Les opportunistes du parti « les Transformateurs » menés par Succès Masra, se sont par la suite désolidarisé de l’événement, en expliquant notamment qu’ils ne fallait pas s’attaquer à « la France » mais se battre « contre l’injustice au Tchad ». Ceux-ci se sont donc démasqués dans leur rôle de conciliateurs et d’opportunistes de plus haut degré. Il faut les dénoncer, car la seule voie pour l’émancipation des tchadiens, c’est la révolution anti-impérialiste et démocratique pour en finir avec le « sous-développement ». Le Tchad n’est pas naturellement pauvre et miséreux, il renferme des richesses inespérées et compte des millions de travailleurs ; seulement, tout cela connaît un vol de la part des monopoles bourgeois français, ce qui bride le pays et profite de manière juteuse à la classe dominante qui sévit aussi en France. Une véritable manifestation populaire au Tchad DOIT donc s’attaquer à l’impérialisme français, le discréditer, demander le départ de ses troupes et l’expropriation de ses monopoles qui pompent toute la sueur des paysans et ouvriers tchadiens. En ce sens, les évènements que nous avons décrits sont de très bonne augure.