Cette année 2021, qui n’est pas encore terminée, a été, comme les années précédentes, riche en luttes et en révoltes. Du Sénégal au Liban en passant par la Colombie et la Palestine, aux quatre coins du monde, les peuples se sont soulevés face à l’injustice, face à l’impérialisme, face à la violence du système dans lequel nous vivons.
Le Covid-19 a accentué les inégalités entre les grandes puissances impérialistes et les pays dominés. Au sein des différents pays, le Covid-19 a également accentué les inégalités entre les larges masses populaires et la minorité de riches parasites qui s’en mettent plein les poches en suçant le sang du peuple.
Cependant, et c’est là un enseignement de l’histoire, partout où il y a oppression, il y a résistance. Face à la détérioration de leurs conditions de vie, face à une augmentation inexorable de la violence d’un système économique à bout de souffle, les peuples ne se laissent pas faire.
Cette année, nous avons pu observer cela en différents endroits du monde. Comme toujours, ce sont les pays dominés par l’impérialisme qui ont été le cœur de ces grandes révoltes, ciblant, bien souvent, directement les puissances dominantes étrangères comme ennemies des peuples.
Au Sénégal, les révoltes ébranlent le pouvoir et ciblent l’impérialisme français
Ainsi début mars, au Sénégal, un immense mouvement populaire a ébranlé le pouvoir soumis à l’impérialisme français. Des centaines de milliers de sénégalais sont descendus dans la rue et ont affronté les forces de répression. Les entreprises françaises, accusées par la population de piller le pays et d’exploiter le peuple sénégalais, ont particulièrement été ciblées. Des magasins Auchan ou encore des boutiques Orange et Free ont été pillés et incendiés par le peuple en colère. Il faut dire qu’au Sénégal comme dans toute l’Afrique de l’Ouest, ces grandes entreprises participent directement à la domination française sur la région et s’en mettent plein les poches en prenant toutes les parts de marché. Si le mouvement de révolte est parti de l’incarcération de l’opposant politique Ousmane Sonko, les revendications ont très vite évolué vers une contestation globale du régime corrompu, à la solde de l’État français et incapable d’endiguer l’importante pauvreté qui frappe le pays. Dans le cadre de ce mouvement, les forces anti-impérialistes, et notamment le mouvement FRAPP France Dégage, ont été à l’avant garde de la contestation. Si les forces de répression sénégalaises ont, pour faire taire la contestation, assassiné au moins 13 contestataires, le mouvement a néanmoins réveillé l’immense colère du peuple sénégalais face à son régime et à l’impérialisme.
En Colombie, un soulèvement de grande ampleur
La Colombie, pays sous la domination sanglante de l’impérialisme états-unien, a également connu un important vent de révolte en cette année 2021. Depuis la fin avril, des manifestations monstre, des émeutes et des occupations ont lieu dans tout le pays. Les masses colombiennes, toujours mobilisées aujourd’hui, sont au départ descendues dans la rue pour contester la réforme fiscale du Président libéral Yvan Duque, larbin de l’impérialisme états-unien. Cette réforme, visant à taxer toujours plus les masses, a été vécue comme un affront dans un pays où la gestion du Covid-19 a fait drastiquement augmenter la pauvreté. L’abandon de la réforme, au bout d’une semaine de mobilisation, n’a pas suffi à calmer la légitime colère du peuple, et depuis le mois de mai, les manifestations ciblent désormais le régime dans son intégralité. En effet, les protestataires n’en peuvent plus des inégalités, de la pauvreté, mais également des réformes anti-sociales mises en place par le gouvernement dans le but de démanteler les services publics de santé et d’éducation. Le gouvernement, acculé par la puissance du soulèvement, a rapidement envoyé l’armée et la police réprimer les révoltes. Au total, ce sont 74 personnes qui ont été tuées entre avril et juin dans le pays, la plupart assassinées par les forces de répression colombiennes. À Cali, épicentre de la contestation, la police et l’armée se sont montrées particulièrement violentes, tirant à balles réelles dans la foule. Mais c’est à Popayán, dans le Sud-Ouest du pays, qu’une affaire sordide a définitivement montré le vrai visage des forces de répression colombiennes. Dans cette ville, une jeune manifestante de 17 ans a été arrêtée et violée par plusieurs policiers. Suite à cela, la jeune femme s’est suicidée, faisant encore augmenter le niveau de colère des masses colombiennes. Comme au Sénégal, les mobilisations en Colombie ont laissé des traces indélébiles et montré la voie à la jeunesse du pays, plus que jamais déterminée à lutter.
Au Liban, les masses se soulèvent face au chaos et reprennent espoir
Pour ce qui est de l’horreur impérialiste, le Liban n’est pas en reste. Le pays, dominé économiquement et politiquement par la France et régulièrement cible d’agressions militaires israéliennes, est touché par une crise sans précédent : crise de régime, crise économique, crise sociale. Fragilisé économiquement par le Covid-19 et l’explosion du port de Beyrouth, le nord du pays a connu au mois de janvier 2021 un important vent de révolte. Désespérés face à une situation devenant invivable et condamnés à l’extrême pauvreté par les mesures mises en place contre le Covid-19, les masses de Tripoli, seconde ville du pays, sont massivement descendues dans la rue au mois de janvier. Des affrontements importants ont eu lieu pendant plusieurs jours et plusieurs bâtiments administratifs ont été incendiés. Les protestataires ont également ciblé les banques, notamment étrangères, accusées de porter une responsabilité dans la situation. Ce mouvement de révolte, naissant du grand désespoir des couches les plus pauvres du nord du Liban, démontre que même face à une situation paraissant parfois désespérée, les masses luttent intensément car le renversement du système est la seule lueur d’espoir.
En Palestine, les masses résistent face à l’occupant israélien
Le Liban n’est pas le seul pays du Moyen-Orient à avoir été touché par de grandes révoltes cette année. Les masses de Palestine, occupée depuis des décennies par Israël, ont montré une grande détermination à lutter contre l’occupant. En effet, au cours de l’été, c’est la volonté des autorités israéliennes d’expulser des familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah, dans l’est de Jérusalem, qui a mis le feu aux poudres. D’immenses manifestations populaires ont eu lieu à Jérusalem, en Cisjordanie, mais aussi dans les « villes mixtes » d’Israël, comme Lod par exemple, où vivent encore de nombreux arabes palestiniens. Face à cette situation, l’État d’Israël a décidé de lancer une grande offensive contre la résistance palestinienne, particulièrement dans la bande de Gaza. Le Hamas et le Djihad islamique palestinien, deux groupes armés de la résistance palestinienne, ont riposté durant onze jours aux bombardements incessants de l’occupant israélien en tirant des salves de roquettes en direction d’Israël. Finalement, face à une résistance déterminée, Israël a mis fin à son opération. Pour les masses palestiniennes, c’est une immense victoire : soutenues dans le monde entier, elles auront montré leur capacité à résister face à l’armée israélienne, et elles auront envoyé un message net à Israël : toute tentative d’expulsion des habitants du quartier de Sheikh Jarrah fera l’objet d’une importante riposte. Aussi, cela aura définitivement montré le vrai visage de « l’autorité palestinienne », qui collabore avec Israël, notamment dans la répression de la lutte du peuple palestinien pour son émancipation.
Les révoltes de l’année 2021, qui auront touché bien d’autres pays que ceux cités dans cet article, auront une fois de plus démontré que les masses ne cessent jamais de lutter et qu’une victoire face au système dans lequel nous vivons est possible. À l’époque du pourrissement de l’impérialisme, qui emporte dans la tourmente des peuples entiers, la résistance populaire se renforce et constitue la seule solution.