Le Collectif Schaeffer, qui organise une centaine de personnes sans-papiers depuis 2017, vient de subir une violente expulsion par la police, comme beaucoup d’autres en France ces derniers jours, afin de « nettoyer » les lieux des futurs JO 2024.
Schaeffer, ce sont des familles et personnes isolés qui s’organisent depuis 2017. Femmes, enfants et hommes de tous âges déploient une détermination, un courage et une intelligence remarquable au fils des ans pour survivre à l’impérialisme français. Majoritairement originaires du Mali, certains étant venu en traversant la Méditerranée, c’est bel et bien la politique coloniale infligée dans leurs pays et maintenu depuis la prétendue indépendance grâce à la corruption, l’occupation militaire et le pillage légal des ressources naturelles du pays qui est la cause de leur présence ici, dans les rues d’Aubervilliers aujourd’hui. Sur le massacre politique et humain du Mali par la France, nous renvoyons nos chers lectrices et lecteurs à ces articles pour nous concentrer ici sur les conséquences spécifiques pour ces albertivillariens.
Ce lundi 24 juillet dernier, 150 policiers mêlant Renseignement Généraux, CRS et police nationale tous lourdement équipés sont venu poursuivre l’œuvre cruelle de l’État bourgeois français. Une dizaine d’enfants de 4 mois à 10 ans, et une petite centaine d’adultes sont sommés de quitter les lieux immédiatement. La méthode est devenue routinière pour tous les SDF en Île-de-France et les soutiens qui les accompagnent parfois : une promesse d’hébergement est faite sur place pour 1, 2 ou 3 à 5 jours à des centaines de kilomètres du lieu expulsé. Le Collectif a appris la veille au soir que cette attaque allait avoir lieu car un des habitants du squat, travaillant dans une entreprise de sécurité, a reçu comme mission de bloquer l’entrée du bâtiment après l’expulsion des habitants de son propre lieu de vie.
Le premier objectif des chiens de la bourgeoisie qui nettoient les rues pour les touristes fortunés qui viendront en 2024 assister aux JO est de disperser le groupe et anéantir l’organisation de la solidarité pour mieux réprimer individuellement. Le deuxième est de déposer un verni « républicain » à leur violence immonde ; pour ce faire le procédé est à nouveau simple : une solution de logement ridicule de 3 jours (qui se transforment dans les faits très souvent en une nuit et parfois rien) à des centaines voire milliers de kilomètre du lieux de travail des personnes, des écoles des enfants, de la famille de chacun est « offerte », puis lorsque la personne (dans son bon sens) explique ne pas accepter, elle est alors traitée comme un SDF volontaire qui a refusé d’être relogé. Le mot d’ordre en Île-de-France est donné par les investisseurs des JO 2024 : la force de travail immigrée et sans papier doit construire les installations puis disparaître d’Île-de-France pour laisser place à la bourgeoisie internationale pendant les Jeux. En Seine-Saint-Denis les occurrences sont très nombreuses, 300 foyers doivent actuellement quitter leurs logements pour faciliter la construction du village olympique. Nos quartiers populaires sont administrés par la bourgeoisie comme des terrains vagues, occupés par des insectes qu’il suffit d’éradiquer pour construire des pompes à fric en T4.
À Aubervilliers cette semaine ce sont deux cars en destination de l’Alsace qui se sont présenté, et ont coincé les malheureux les moins méfiants ou les plus exténué physiquement, moralement et émotionnellement. La stratégie du Collectif est de tout faire pour que leur membre restent ensemble, c’est ainsi qu’ils ont surmonté les 2 précédentes expulsions et qu’ils et elles parviennent à construire eux-même leurs abris, acheminer de l’eau, etc. Il faut imaginer le traumatisme que subisse ces familles, la profonde souffrance qui les épuise au quotidien impose inévitablement des failles dans leur organisation collective ! D’après nos informations, les personnes qui sont monté dans les bus sont déjà en route pour revenir auprès de leur collectif n’ayant trouvé que des logements perdus au fin fond de la campagne alsacienne.
D’autres encore ont été envoyés un peu partout en Île-de-France. Un demandeur d’asile a été envoyé à Clichy-Sous-Bois en échange d’une accélération de sa procédure auprès de l’OFPRA, qui a finalement été annulée.
Le préfet de Seine-Saint-Denis dans son tissu de mensonge qui tient lieu de version officielle a déclaré :
« Bonsoir M le député, En application des règles, il a été proposé une solution à chacune des personnes en situation conforme à nos textes, à savoir : – les mineurs se disant isolés qui ont été présentés aux services de l’ASE du conseil départemental – les personnes pouvant justifier d’un contrat de travail, demandeurs d’asile etc… à qui un hébergement en SAS en province pour faire le bilan de leur situation personnelle a été proposée avec un transport ad hoc (bus). – pour quelques situations individuelles (médicale) une mise à l’abri en hôtel à titre exceptionnel a été proposée – pour ayant refusé ces propositions ou ne relevant d’aucune de ces possibilités juridiques et présents illégalement sur notre sol, l’évacuation des locaux occupés de façon illicite et conformément à la décision de Justice ont été évacués sans aucun incident. Cordialement. »
Envoyer des personnes sous contrat de travail en province est une absurdité qui figure étonnamment bien le bourbier mensonger de l’ensemble de cette déclaration. Ce message est plus proche de la lune que de la réalité, voici une traduction :
« Les mineurs se disant isolés ont été présenté à l’ASE… » = « personne ne se déclare isolé si c’est pour être retiré à sa mère et envoyé seul dans un obscur parcours administratif saturé ; du coup on laisse tous les bébé et enfants à la rue c’est une économie folle »
« Les personnes pouvant justifier d’un contrat de travail… » = « les SDF qui ont un papier officiel de l’État prouvant qu’ils ne sont pas SDF peuvent être logé. Donc personne. »
« pour ayant refusé ces propositions…. » = « comme personne ne va accepter d’aller tout seul au bout de la France pour seulement 3 jours d’hôtel avant de retourner à la rue ; on dit qu’ils refusent les solutions et on ne leur en donne aucune en les faisant passer pour des profiteurs exigeants. »
Les habitants du squat avait aménagé le lieu comme seuls ceux de notre classe prolétaire savent le faire : ils y avait des dispositions hygiéniques compte tenu le peu de points d’eau, une cuisine collective, avec de la récup, ils avait construits des petites chambre afin que le gens puissent avoir des espace individualisé. On aurait dit un petit village DIY, très propre. Toutes les affaires qu’ils et elles avaient laborieusement acheté à la sueur de leur front, en travaillant pour des miettes au black des mois durant, leur sont interdit d’accès et restent dans l’ancien squat. Le tout sera détruit prochainement quand le landlord décidera de disposer de ce local.
Le Comité local de la Cause du Peuple d’Aubervilliers adresse cet appel :
Camarades, la mobilisation contre la réforme des retraites a montré que de nombreux soutiens de différentes organisations et des autonomes peuvent se déplacer à Aubervilliers pour la Lutte que nous menons ensemble contre le capitalisme. Aujourd’hui nos forces sont faibles localement, et nos ressources aussi. Nous l’admettons en toute franchise. C’est pourquoi nous lançons cet appel à la solidarité en île de France, et invitons tous·tes camarades antifascistes, antiraciste, anti-capitaliste, écologique, anti-JO2024 à rejoindre le canal d’urgence du Collectif Shaeffer (transmis en MP) et pour celles et ceux qui sont en vacances ou physiquement indisponibles, à contribuer sur cette cagnotte en ligne : https://www.leetchi.com/fr/c/solidarite-face-a-lexpulsion-du-collectif-de-sans-papiers-shaeffer-1107898
Les besoins principaux sont :
- Couvertures et tentes ;
- Nourriture et eau ;
- Réchaud ;
- Batteries externes ;
- Et surtout : couches taille 5 et 6, lingettes bébé, Doliprane bébé, chaussures taille 21, 22 et 23.
N’hésitez pas à proposer d’autre dons qui vous semblent utiles car les camarades manquent de tout, pensez seulement qu’ils seront attaqués la nuit par les porcs de la bourgeoisie qui vole et détruit, donc la quantité est importante. Elle l’est aussi dans l’autre sens car nous avons uns logistique limitée pour stocker durablement, et les membres du Collectif ne peuvent pas balader des valises toutes la journée.
Merci à tous·tes celles et ceux qui feront un geste, et vive la lutte des sans papier !
Pas de justice, pas de JO ! Le sabotage de leurs JO passe par la solidarité avec les premières victimes, nous sommes ensemble !
Vive la lutte des classes jusqu’à la révolution !