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La situation en France et les élections actuelles

La crise de décomposition de l’impérialisme accélère l’histoire, l’impensable des temps de stabilité devient la probabilité de la crise : l’extrême-droite est aux portes du pouvoir. La vieille droite revancharde, celle qui n’a pas digérée Stalingrad et la Guerre de Libération Nationale Antifasciste (la Résistance), celle qui n’a pas accepté la décolonisation de l’Algérie, celle qui haït la classe ouvrière et son avant-garde les Communistes, cette vieille prostituée des monopoles, cette éternelle traître à la Nation, celle qui préféra toujours les Allemands et l’indignité aux Résistants est à deux pas de la direction des affaires du Pays. L’émoi est grand chez tous les progressistes, la peur se lit dans les yeux de tous ceux qui se battent au quotidien pour les droits du peuple ; en face, les flics arrogants jubilent, les républicains d’opérettes retournent leurs vestes, le parti unique des patrons a déjà ses plans de restructuration.

Mais nous devons raison garder, car Bardella au pouvoir, ce n’est pas le fascisme, mais une nouvelle avancée dans la réactionnarisation du vieil État bourgeois, qui n’arrive plus à conjurer la crise. Nous devons comprendre que c’est une immense défaite pour la bourgeoisie monopoliste de devoir user de cette vieille ruse contre la lutte des classes dans le pays. C’est une défaite absolue que de devoir se lier à cette engeance constituée de bric et de broc, rancunière et pourrie, qui n’est là que pour mener une entreprise de vengeance vouée à entretenir le feu de la lutte des classes. Ils ont désigné les ennemis : « la gauche », les progressistes, les démocrates, les associatifs, les défenseurs des droits, et surtout, et avant tout, LE syndicat, la CGT, là où se trouvent les derniers reliquats de la classe ouvrière consciente et organisée. Ils tromperont quelques temps les classes populaires déboussolées face à la crise, mais leur entreprise est vaine, car nous savons maintenant ce que nous avons à faire.

Si tout cela se passe en France, c’est parce que le peuple profond, le prolétariat, la classe ouvrière, lutte en permanence contre la restructuration de l’impérialisme français en perdition. C’est parce qu’il y a une situation révolutionnaire en développement inégal que le pays devient ingouvernable avec les vieilles recettes du parlementarisme bourgeois. C’est parce que les Gilets Jaunes ont déstabilisé le pays pendant des mois, que les ouvriers à bout n’ont pas accepté la réforme des retraites, que la jeunesse prolétaire la plus écrasée s’est révoltée dans le plus grand mouvement insurrectionnel de l’histoire du pays, que les gestionnaires du vieil État sont obligés de mener l’aventure actuelle au combien dangereuse pour eux.

Sur le temps long, historique, c’est un moment de basculement entre l’écrasement des années 1980-1990, suite à l’effondrement du vieux révisionnisme dans les pays de l’Est, et la réouverture actuelle de la nouvelle séquence de la Révolution Socialiste dans le pays et plus largement dans le monde. C’est le retour de la lutte des classes, le retour de la classe ouvrière aux commandes de la destinée du pays, c’est cela le principal. Nous devons toujours penser les choses en termes de contradiction : si le RN est au bord du pouvoir, c’est parce que la Révolution avance, c’est parce que, et nous le répétons, la vieille démocratie bourgeoise a écoulé tous ses artifices. L’État révèle son véritable visage aux masses populaires, celui d’un instrument au service des maîtres de la Bourse. Un instrument de dictature d’une classe sur une autre, qui signifie la répression comme moyen politique d’action.

Une grande partie du vote RN est un vote rupturiste, de ras-le-bol, de défiance face au régime, alors que le vote « de gauche » est, absolument, depuis 2002, un appui objectif au régime en place. Le vote « de gauche » n’est devenu qu’un vote barrage pour empêcher l’extrême-droite d’arriver au pouvoir, tout en donnant la légitimité aux personnels qui mènent les politiques anti-peuple nourrissant, justement, la montée de l’extrême-droite. Le serpent se mord la queue, la « gauche », après avoir abandonné les classes populaires, s’étonne que les classes populaires l’ait abandonnée. Le vote « de gauche » est donc devenu antipopulaire. Le vote RN est le résultat de 50 ans de défaite absolue du mouvement ouvrier face à l’offensive contre-révolutionnaire des années 1980. Cette offensive multiforme a signifié pour la classe ouvrière la destruction du régime issu de la Résistance, les délocalisations industrielles et l’augmentation de la pauvreté. Bien entendu, toute cette grande offensive réactionnaire a été possible car la classe n’était plus organisée, plus dirigée par son avant-garde, le Parti Communiste, qui a trahi sa mission historique et s’est intégré à l’État bourgeois. La nature a horreur du vide, et les classes populaires sont à la recherche d’une solution, d’une façon ou d’une autre.

Face à cela, il n’y a pas mille chemins ; une voie, une seule, s’ouvre à nous, l’organisation des opprimés, la mobilisation politique des classes populaires, la solidarité de classe, la fin des murs entre les quartiers populaires et les usines. Notre ligne politique ne peut être que cet acte transcendant mettant en brèche tous les plans de divisions des impérialistes. La lutte pour la Palestine montre qu’il n’y a des barrières que pour ceux qui refusent la lutte. Se plonger, s’immerger, vivre, respirer, travailler, lutter avec les masses profondes, recréer des liens de solidarité dans les usines, soutenir les camarades syndiqués attaqués, ne faire qu’un poing, ne donner qu’une réponse, voilà notre devenir à tous les révolutionnaires. Le sectarisme est un crime quand les temps deviennent durs, nous devons lutter avec tous les sincères, peu importe les différences secondaires, face aux monopoles en crise, l’unité de la classe est notre drapeau. La répression va frapper implacablement mais cela se retourne toujours contre le commanditaire, elle va nourrir la rage du prolétariat et augmenter nos capacités de lutte. Notre quotidien de lutte doit avoir comme ligne de mire la reconstitution du Parti Communiste, ce qui signifie que toutes nos actions visent à construire l’Etat-major de tous les exploités.

Dans ces moments, l’important est de garder les principes et le cap. Bien entendu, nous ne sommes qu’une petite fraction à porter une politique rupturiste d’autonomie de notre classe, nous avons face à nous le parti unique de la bourgeoisie qui distille partout que le seul horizon politique indépassable est l’acte électoral. Nous avons vu en 2023 que le futur se construit sur les barricades, les blocages, sous les gaz, sur les barrages, sous la matraque, dans les assemblées, dans la solidarité, dans les gestes simples qui sont notre identité de classe. Nous avons entrevu depuis deux décennies que le mouvement de l’Histoire va dans notre sens et que tous les actes répressifs, arbitraires, terroristes et dictatoriaux ne sont que des conséquences de leur impuissance à changer le sens de l’Histoire. Nous le disons, car nous le voyons, la classe ouvrière se réveille, et elle va balayer le vieux monde.

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