Après une semaine d’un congrès historique marqué par le sceau de la lutte des classes, la direction sortante a du accepter un compromis : Sophie Binet. La nouvelle secrétaire générale vient de la CGT-Cadre (Confédération Générale du Travail) est n’est lié ni de près ni de loin à la classe ouvrière.
Le Congrès avait pourtant bien commencé : le bilan avait été rejeté, une première dans l’histoire du syndicat. Mais tout a été fait pour écarter Olivier Mateu (CGT 13) du poste de Secrétaire Général, alors qu’il portait assurément, dans ce contexte, la ligne de gauche, c’est-à-dire une CGT qui lutte pour l’émancipation dans la lutte des classes et non comme un corps intermédiaire de conciliation. Il était l’espoir pour beaucoup du retour du syndicat combatif de classe et du redémarrage de la bataille des retraites qui sous la direction de l’intersyndicale dépolitisée nous mène vers une défaite.
Jusqu’au bout la bataille a été serrée car la base ouvrière et combative de la CGT refusait une énième Direction réformiste. La direction sortante a du s’appuyer sur l’appareil de la CGT contre la Politique, contre les intérêts profonds de la Classe, mais aussi par des magouilles ouvertes. Nous voyons comment des statuts peuvent servir contre le drapeau rouge. La bureaucratie ne peut se perpétuer qu’en allant contre la Politique. Les réformistes ont quand même du accepter un compromis en la personne de Sophie Binet, première secrétaire qui ne sera pas passée par le PCF (Parti Communiste Français), mais qui sera secondée par un proche de Fabien Roussel.
Le cadre de ce Congrès c’est bien sur la bataille contre la réforme des retraites, un mouvement dur qui a aiguisé les contradictions dans le pays, premier mouvement depuis l’émergence de la crise aigue à la suite du COVID et de la guerre en Ukraine.
La CGT comme syndicat (et comme toute chose) n’est que le reflet du niveau de luttes des classes dans le pays. Nous n’arrêtons pas de le dire, et les faits le prouve, une nouvelle ère de Révolution Prolétarienne s’ouvre avec la crise de décomposition de l’Impérialisme. Le Congrès a été l’expression de cette recomposition de la classe, de retour de classe en soi à classe pour soi. Tout cela n’est certes que les prémices de ce mouvement de conscience qui ne peut être que le fruit du développement de la Lutte des Classes dans le Pays.
Ce Congrès a été aussi l’exemple pratique de l’opportunisme de la question des femmes. La clique dirigeant le syndicat n’a pas hésité à sortir la carte “féministe” pour tenter d’imposer son candidat comme si son caractère de femme était supérieur à la condition de classe. Les syndiqués des deux sexes ne sont pas tombés dans ce dispositif jouant sur la juste lutte des femmes pour leur émancipation. Le Congrès a rejetté à une très large majorité la condition (en l’occurrence la parité) aux statuts de la CGT pour candidater à la Commission Exécutive Confédérale (CEC) que voulait imposer le Bureau Confédéral. Cela peut paraître une contradiction, si on lit les choses hors de la grille de lecture de classe, que des femmes votent contre. Nous voyons que plus que jamais que ce que disait le grand révolutionnaire péruvien Mariatégui est juste: “Dans le paysage humain actuel, la classe différencie les individus plus que le sexe.” Est-ce qu’une femme cadre coupée de la classe va mieux servir les intérêts des femmes prolétaires qu’un homme ouvrier portant la lutte des Classes, et de fait le vrai combat pour l’émancipation du genre humain ? La réponse est claire et sans équivoque. Les femmes prolétaires savent où sont leurs intérêt. Tout cela confirme la ligne portée par notre journal qui, bien qu’a contre-courant de l’hégémonie de la pensée petit-bourgeoise et bourgeoise sur cette question, est juste.
Ne voyons pas ce Congrès comme une défaite, cela signifie que la démocratie dans le syndicat est bien vivante, que la conscience de classe est présente, que d’immenses perspectives s’ouvrent pour le développement de la Révolution dans le pays. Nous pouvons imaginer que lors du prochain Congrès les magouilleurs ne pourront plus jouer la même partition car tout est apparu de manière limpide aux yeux du plus grand nombre. Voyons ce Congrès comme le premier de la nouvelle époque qui s’ouvre, ou plus justement comme le dernier de l’ancienne. Plus que jamais les révolutionnaires doivent s’impliquer dans le syndicat et, en parallèle, porter la nécessité de l’organisation politique. Sans un Parti révolutionnaire reconstitué guidé par le Marxisme de notre époque, le syndicat ne pourra pas retrouver son rôle historique dans la longue lutte pour l’émancipation du genre humain.