Un vent de folie réactionnaire déferle sur l’Hexagone. Ce n’est pas un accident mais le résultat d’une époque en général, celle de la crise de pourrissement de l’impérialisme, et particulièrement en France de la course des différentes factions de la bourgeoisie pour conquérir le trône présidentiel. A chaque élection présidentielle, la situation empire. La barre est à droite toute et plus rien ne peut empêcher la réactionnarisation au sommet de l’Etat, car aucune force n’émane du Prolétariat et des Masses, les seuls à même de freiner le phénomène. La décomposition de notre monde est palpable au quotidien, les choses qui faisaient sens sont bouleversées, tout s’accélère.
Eric Zemmour est la parfaite caricature de notre époque en décomposition. Il n’est pas l’allégorie de la toute-puissance du système capitaliste, mais au contraire l’aveu criant de son infinie faiblesse. Idéologiquement, il est la synthèse de toutes les idées et fantasmes de la vieille droite réactionnaire française. Celles de la Restauration, du coup d’Etat du 2 décembre, de Thiers massacreur des Communards, de MacMahon, de Drumont et des Antidreyfusards, des Ligues Factieuses, du colonel De la Rocque et des Croix de feu, du « plutôt Hitler que Staline », de la Collaboration, du 13 mai 1958, des barbouzes et de la Françafrique – bref, de tout ce que la bourgeoisie nationaliste a « fait de mieux » pour la patrie. Il est le pantin des forces les plus réactionnaires des monopoles français (les grandes entreprises), dont Bolloré est aujourd’hui le manipulateur. Il sert le moment historique, mais il ne restera pas dans l’Histoire, car une fois ses forces épuisées, ses maîtres le jetteront aux oubliettes. A côté de Zemmour l’incendiaire fasciste, Marine le Pen se veut la stabilité de la réaction et espère obtenir le pouvoir tel quel par les élections. Au milieu, comme à l’époque des Radicaux de la Troisième République, il y a Emmanuel Macron, le pantin de la toute-puissante oligarchie financière, qui pour le moment n’a aucunement besoin de l’aventurisme fascisant. Macron siphonne à droite, la gauche étant déjà essorée. Notre Président est une création ex-nihilo de l’oligarchie financière qui a besoin de contrôler totalement le cours des choses pour imposer son agenda de réformes à la solde des dividendes boursiers. Il sera la clé de voûte du « front républicain » contre l’extrême-droite, le « sauveur » de la République souveraine : la mascarade En marche n’a pas de limite.
Les gauches de l’Assemblée Nationale, opportunistes et révisionnistes, se sont effondrées sous le poids d’une loi universelle : on ne se moque pas impunément des Masses pendant des décennies. On ne peut pas gouverner pour les riches en disant représenter le prolétariat, ce n’est pas possible, il faut choisir son camp. Ceux censés représenter « le peuple », les « petites gens » ne représentent que le pire de l’opportunisme, ayant jeté par-dessus bord tous les idéaux de la gauche historique. Nous vivons le chant du cygne du révisionnisme historique. D’autres surgiront, mais pour l’instant, ceux qui ont trahi la classe ouvrière n’existent plus politiquement, et c’est tant mieux.
Le tableau affligeant d’une Assemblée Nationale vidée de tout pouvoir mais pleine de députés libidineux démontre à lui seul que tous ces partis ne sont que des fractions du parti unique de la bourgeoisie. Comme nous le disait le grand Lénine :
« La force du capital est tout, la Bourse est tout, tandis que le Parlement et les élections ne sont que des marionnettes, des pantins ».
Ça ne pourrait être plus clair : tout le système politique bourgeois est une vaste mascarade qui avec sa fausse pluralité politique se veut l’expression de la « démocratie », du « peuple souverain ». Marx nous enseigne aussi que :
« Les opprimés ont le pouvoir de décider pour une période de plusieurs années quel sera le représentant des classes possédantes qui représentera et opprimera le peuple au Parlement « .
Le fourmillement de candidats au poste suprême n’est pas une expression de la démocratie, mais du pourrissement du système même qui se détruit de l’intérieur. Chaque candidat au poste de pantin suprême pense incarner celui qui sauvera la patrie. Les pires des escrocs sont ceux qui, en participant aux élections, pensent servir la Révolution ! Comment peut-on appuyer la Révolution en appuyant la légitimité du régime, qui est uniquement basé sur les élections ?
Nous avons là un aspect de la situation actuelle. Nous arrêter à ce tableau apocalyptique d’un pays dirigé par la réaction la plus noire, où les idées les plus nauséabondes qu’on pensait disparues ont pignon sur rue, où le futur Président monarque sera un Macron, une le Pen ou autre, tout cela pourrait nous désarçonner, et n’ayons pas peur de le dire, casser notre volonté de lutter.
Alors nous devons nous garder des constats et des analyses trop hâtives. Les événements de ce type nous permettent d’aller au fond des choses. Aller au fond des choses, comprendre tous les ressorts, les contradictions, permet de comprendre notre époque. Que nous dit le matérialisme dialectique, philosophie universelle du Prolétariat ? Que dans chaque chose ou phénomène, il y a deux aspects. C’est la loi de la contradiction, la loi fondamentale de l’univers. Lénine illustrait l’universalité de la contradiction par les exemples suivants : ≪ En mathématiques, le + et le -. Différentielle et intégrale. En mécanique, action et réaction. En physique, électricité positive et négative. En chimie, union et dissociation des atomes. Dans la science sociale, lutte de classe. ≫.
La lutte des classes s’exprime dans la réactionnarisation, qui n’existe que parce qu’il y a développement et tendance à la Révolution en France comme reflet de la situation économique internationale. Comme nous le dit Lénine :
“Les relations économiques de l’impérialisme constituent la base de la situation internationale actuelle. »
Le développement des idées les plus réactionnaires et fascisantes est le résultat d’une crise extrêmement profonde qui touche le système mondial dans son ensemble. A chaque crise, le capital se concentre de plus en plus dans quelques grandes entreprises monopolistiques, ce qui aggrave de fait la situation en rendant de plus en plus dure l’extorsion de profit. Ces monopoles, dominant leurs Etats respectifs, poussent à la guerre pour conquérir de nouveaux marchés. Les tensions en Ukraine entre les USA (et leurs chiens) et la Russie, ou en Asie entre les USA (encore eux) et la Chine sont l’expression de cette poussée vers une nouvelle guerre mondiale inter-impérialiste.
A l’intérieur de leurs propres frontières, ces entreprises gigantesques poussent à la destruction des acquis sociaux pour pressurer toujours plus le Prolétariat. Ce sont de gigantesques organismes parasites qui pompent les richesses de la nation, qui les captent et les confisquent. Ils font de même sur les pays dominés, imposant leur dominion dans des formes aussi radicales que sous le régime de colonisation directe. Pensant atténuer la crise ils l’accentuent et de fait accentuent la lutte des classes et la tendance à la Révolution. Le système capitalo-impérialiste est entré dans sa phase de pourrissement : même si une nouvelle guerre impérialiste mondiale advenait, la situation post-guerre serait encore pire pour eux et positive pour les forces du changement. Les déséquilibres entraînés par l’impérialisme jettent dans les bras de la Révolution des Masses chaque jour plus nombreuses. Aux quatre coins du monde les forces des masses populaires, avec en leur cœur les paysans pauvres, se jettent dans la bataille titanesque.
Nous, Marxistes, nous comprenons l’Histoire comme un processus qui se développe dans la lutte entre Révolution et contre-révolution. Ce processus qui va voir disparaître l’impérialisme de la surface de la terre se divise en trois phases, liées au développement du capitalisme. Comme nous l’a expliqué le Président Gonzalo :
« La défense stratégique de la Révolution mondiale, opposée à l’offensive de la contre-révolution, débute en 1871 avec la Commune de Paris et prend fin avec la Seconde Guerre Mondiale.
L’équilibre stratégique se situe autour du triomphe de la révolution chinoise, de la Grande Révolution Prolétarienne et du développement des puissants mouvements de libération nationale.
Postérieurement, la révolution passe à l’offensive stratégique ; on peut situer ce moment vers les années 80 quand nous distinguons des signes tels que la guerre Iran-Irak, l’Afghanistan, le Nicaragua, le début de la guerre populaire au Pérou, époque qui s’inscrit dans “les prochaines 50 à 100 années » »
Notre époque est donc caractérisée par le fait que nous sommes pleinement entrés dans l’offensive stratégique de la Révolution. Cela signifie que l’impérialisme est sur la défensive stratégique. Cela ne signifie pas que la Révolution va triompher d’elle-même demain, mais que tout est mûr, y compris en France, pour reconstituer les instruments de notre émancipation dans un long processus violent de lutte des classes.
Maintenant vient la question de savoir quelle tactique doit adopter le Prolétariat pour se reconstituer comme classe pour soi, précisément dans notre époque. Il est clair qu’aujourd’hui les élections ne renforcent et ne peuvent renforcer la capacité de lutte et de victoire du Prolétariat. Elles ne font que conforter le régime, et si nous partons du principe que seule une crise économique, sociale et politique (de régime) peut ouvrir le champ des possibles à un processus révolutionnaire, le boycott est la seule et unique option révolutionnaire.
Souvenons-nous que c’était en 1945 que nous avons conquis pour la dernière fois des avancées significatives sur le patronat, la bourgeoisie et le capital. Ce moment de grandes avancées pour nos droits de civilisation coïncide avec l’armement d’une large faction du prolétariat dirigée par le Parti communiste, éduquée dans la lutte armée contre le fascisme. C’est la grande leçon historique, rien ne s’est jamais conquis dans la paix des urnes. Toute conquête découle d’âpres luttes, qui dans notre période vont devenir de plus en plus radicales et puissantes.
Il est extrêmement important de comprendre toutes ces questions pour ne pas, sans le vouloir, appuyer un régime anti-démocratique et anti-peuple comme celui de la Vème République. Dans notre régime, le Président est un monarque élu, intouchable durant l’exercice de ses fonctions, sans aucun contrôle populaire. Le Parlement, censé être l’expression de la souveraineté populaire, est vidé de tout pouvoir et ne sert qu’à enregistrer les décisions de l’Exécutif. Cela signifie que voter contre le Pen et Zemmour, dans les faits c’est voter pour Macron le pantin de la grande bourgeoisie financière française, c’est donner un blanc-seing à toutes les lois anti-populaires et à la réactionnarisation qui ne manquera pas de faire croître encore plus la tendance au fascisme.
Il est important de mener un boycott actif contre la mascarade électorale, en expliquant que voter c’est appuyer le système capitalo-monopolistique et la marche vers la guerre impérialiste. Nous devons étaler sur la place publique le caractère anti-démocratique des élections dans un système ou l’économie et les médias sont contrôlés par une infime partie de la population, c’est là notre tâche historique comme révolutionnaires et démocrates sincères.
Faire résonner puissamment la voie du boycott actif, c’est participer aux élections comme le seul et unique parti d’opposition, celui du prolétariat.