C’est dans toutes les bouches de France et de Navarre : tout augmente. Les denrées essentielles, comme la nourriture, l’energie, l’essence, les loyers ; tout, sans exception. L’augmentation des prix, qui signifie en fait la baisse de notre salaire réel, est un des résultats de la crise du système impérialiste mondial. C’est le résultat du chaos du mode de production capitaliste qui ne planifie rien et vise à reproduire sans cesse le capital en faisant toujours plus d’argent. La question de l’inflation est très importante et c’est pour cela que les capitalistes et les gestionnaires du vieil ordre de domination sont affolés par ses conséquences et tentent d’enrayer la machine en freinant les prêts. La FED (monopole de la banque US) et la BCE vont remonter leur « taux directeur », c’est-à-dire le prix de vente de l’argent sur le marché, pour tenter d’enrayer l’inflation. Cela va bien sur ralentir la « croissance », qui n’est que le doux euphémisme de la reproduction du capital, c’est-à-dire de notre propre exploitation. La crise gigantesque qui se profile, dont l’inflation n’est qu’une face, est le résultat de la contradiction toujours plus antagonique entre le travail (c’est à dire la production de richesse qui est collective) et le capital (l’expropriation de cette richesse par la classe bourgeoise mondiale).
Nous y reviendrons.
L’inflation, c’est l’émission – et donc l’augmentation excessive – de billets de banque jusqu’au point où leur nombre dépasse la quantité de monnaie-or (la valeur sur laquelle est basée le papier-monnaie qui aujourd’hui n’est plus l’or, mais la « confiance » dans les capacités a pouvoir acheter des produits dans les mois à venir). Cette monnaie-or est nécessaire pour la circulation (l’échange entre différents acteurs) des marchandises, ce qui mène donc à la baisse de la valeur de la monnaie et à la hausse des prix des denrées. La surémission de papier-monnaie a lieu lorsque l’Etat n’a pas les moyens de combler le déficit du budget par la voie des impôts et des emprunts, situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement depuis la contractation des dettes astronomiques par nos Etats pour maintenir leurs économies à flot suite à la crise de 2008, qui s’est depuis intensifiée avec la « crise du Covid-19 ». La production et la circulation de marchandises s’est retrouvée abaissée, donc l’economie se contracte, l’Etat rentre moins d’argent et a de plus en plus de dépenses (réarmement, soutien aux capitalismes (plans de relance), mise en place du bouclier tarifaire sur les énergies et l’essence en octobre 2021 et qui s’achèvera fin 2022, etc.).
Ce qui se passe, c’est que le papier-monnaie « en trop » n’est pas retiré de la circulation quand il y a crise et endettement, ce qui fait baisser la valeur de celui-ci, car il y a trop d’argent en circulation dans l’économie. Dans une situation pareille, chaque Etat et chaque capitaliste cherchent à écouler le plus rapidement l’argent qu’ils possèdent en stock, afin de l’échanger contre des marchandises dont la valeur est actuellement moins fluctuante que la monnaie, augmentant ainsi fortement la vitesse de circulation de la monnaie. La monnaie changeant ainsi rapidement de main, il est moins nécessaire d’en disposer d’un grand nombre en circulation dans l’économie, réduisant encore plus sa valeur, tandis que les prix continuent d’augmenter, ce que nous ressentons chaque jour un peu plus sur notre porte-monnaie.
L’Etat, pour pallier l’augmentation globale des prix, doit mettre la main dans la poche afin d’éviter une situation catastrophique qui favoriserait trop la Révolution, et se retrouve à devoir s’endetter (et donc emettre toujours plus de billets) afin de maintenir un semblant de paix sociale, en soutenant massivement l’économie notamment en prêtant aux banques privées, qui elles-mêmes prêtent aux Masses. L’Etat soutient directement l’économie en y participant de plus en plus, notamment en investissant massivement (plan industriel 2030, infrastructures, armement, etc.). Mais la présence supplémentaire de papier-monnaie dans l’économie, injecté cette fois-ci directement par les Etats, mène de nouveau à une hausse des prix, ce qui nécessite ainsi un plus haut endettement de l’Etat et une plus grande production de papier-monnaie par l’Etat, pour rembourser les emprunts précédents et continuer de mettre la main à la poche, afin d’éviter toujours la même chos : une contestation sociale intense et une possible Révolution.
Nous voyons là que le serpent se mort la queue, mais ce cycle ne peut pas être infini. La creation de monnaie n’est pas magique, elle doit reposer sur la confiance des acteurs financiers, et notamment dans la capacité de chaque Etat à honorer sa dette souveraine. Si la confiance s’effondre, alors la monnaie s’effondre, elle ne vaut plus rien. Le paradigme est la crise des années 30, mais aujourd’hui de nombreux pays sont au bord de cette situation.
Nous ne devons pas perdre de vue la principale conséquence de l’inflation, la baisse du salaire réel des prolétaires
Le salaire (c’est-à-dire le prix de vente de notre force de travail) réel désigne le revenu disponible, qui peut être mesuré par ménage ou par ouvrier, en prenant en compte la fluctuation de la valeur de la monnaie (l’appréciation ou la dépréciation) par rapport au prix changeant des marchandises. En résumé, c’est ce qu’on peut acheter avec l’argent qu’il nous reste chaque mois, et actuellement, les perspectives sont mauvaises. Bien que les salaires augmentent, prenons pour exemple la hausse du SMIC de 2,65 % le 1er mai 2022, alors même que l’inflation est de 5,2 % en mai 2022 sur les produits et services consommés par les ménages. L’augmentation des salaires est donc plus lente et plus faible que l’augmentation des prix.
C’est pourquoi nous, prolétaires, pouvons acheter de moins en moins de marchandises, tandis que les capitalistes, eux, bénéficient de l’augmentation des prix en vendant plus chères leurs marchandises et nous « payent moins » dans la réalité. C’est comme cela que les capitalistes nous font payer la crise. l’inflation est relativement bénéfique pour eux car ils souffrent aussi de l’augmentation des prix, notamment pour produire leurs marchandises. Cette question est au coeur de la contradiction antagonique travail – capital car le prolétaire lutte et va lutter encore plus pour arracher plus d’argent au patron pour compenser la baisse de son salaire réel. La lutte des prolétaires pour leurs salaires va reduire les profits des patrons, qui vont lutter pour détruire les droits des ouvriers afin de maintenir les profits. C’est une situation qui accentue, donc, de manière drastique la lutte des classes, et c’est tant mieux.
L’inflation, nous le repetons, est la baisse de nos salaires réels. Elle est un des résultats de la crise historique que connait le capitalisme dans sa phase impérialiste. La base de la crise dans laquelle nous sommes, c’est la surproduction relative de marchandise. Cette situation était là bien avant le Covid-19. Cela signifie qu’il y a un trop grand nombre de marchandises disponibles à l’achat, mais que les Masses n’ont pas les capacités financières (d’ou le terme « relative ») de toutes les acheter. Ici réside le cœur même de la crise, à travers la contradiction du système économique que nous subissons. Pendant une crise économique, il leur faut augmenter les prix des marchandises et nous payer moins afin de maintenir et/ou d’engranger un bénéfice, alors même que si nous ne pouvons plus consommer, la crise s’intensifie de plus en plus. Les capitalistes doivent d’un côté détruire nos acquis de civilisation pour augmenter plus l’exploitation (destruction du code du travail) et de l’autre trouver de nouveaux marchés, et cela se fait sur le dos des pays dominés dans une lutte entre les puissances imperialistes tutélaires.
Les impérialistes multiplient les guerres de rapines, à travers leurs implantations coloniales et néocoloniales dans certaines régions du Monde, afin de piller les ressources naturelles desdites régions où ils passent au niveau supérieur de l’agressivité, en déclenchant des guerres afin d’éliminer un concurrent du marché, récupérer denrées et ressources afin de pouvoir être le seul fournisseur de marchandises sur le marché et maintenir une production à bas coût. Dans ce climat se développe la réactionnarisation de la société et la tendance vers le fascisme, mais aussi les contestations populaires, c’est-à-dire la tendance à la Revolution, qui est le principal.
C’est pour cela que le système est inquiet, très inquiet. L’inflation destabilise la société de classe, montre le chaos du mode de production capitaliste et démontre la necessité urgente de la planification socialiste de l’économie. Toutes les « solutions » que trouvent les capitalistes pour se sortir d’affaire accentuent encore plus la tendance à la Révolution prolétarienne.