jeudi 21 novembre 2024
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Quelle crise du logement ?

Dans notre pays c’est près de 15 millions de personnes qui sont mal logées et vivent dans des conditions dégradées. Les problèmes on les connaît : parties communes mal entretenues, canalisations défectueuses, ascenseurs en panne, installations électriques mal conçues, humidité qui s’infiltre et moisissures, murs fins comme du papier qui rendent le repos difficile, isolation qui n’isole ni le chaud ni le froid etc. À cela s’ajoute les menaces d’expulsion, les problèmes de santé et l’impact sur le confort de vie qui d’année en année se transforme en calvaire. Il y a aussi une explosion du nombre de SDF. Pour donner un chiffre entre 2001 et 2012, il y a eu 50% de hausse des personnes sans logement, et la crise s’est encore accentuée depuis. On compte 4 millions de personnes en grande précarité pour le logement, c’est-à-dire SDF ou dans des abris de fortune et des centres d’hébergement.

Pourtant il y a dans notre pays une augmentation constante du nombre de logements inoccupés, c’est-à-dire habitables, prêts à recevoir du monde, mais laissés vides. Ces logements suffiraient à ce que personne dans notre pays ne soit à la rue, ne meurt de froid l’hiver comme des centaines de personnes chaque année.

Il n’y a pas non plus de pénurie de terrains constructibles en France. Le problème est que les propriétaires fonciers empêchent la construction, participant à une hausse des prix artificielle car moins il y a d’offre, plus le prix est élevé. Les collectivités locales touchent une part des prix de vente des terrains et ont donc intérêt à ce que les prix restent élevés, c’est-à-dire que même l’administration d’État est une charge sur notre dos. Les propriétaires fonciers et l’État pèsent de tout leur poids sur l’accès au logement et la qualité de vie, en empêchant les constructions et en choisissant où et quand investir, non pas en fonction des besoins de la population bien sûr, mais en fonction du profit qu’ils peuvent en tirer à titre privé. S’il est intéressant pour eux de laisser des bâtiments se dégrader, ils le font pour pouvoir ensuite démolir et reconstruire dans un nouveau cycle de spéculation. L’État ne sert pas de régulateur ou de balance, au contraire son rôle est de favoriser l’activité des monopoles, c’est ça qu’on appelle la spéculation immobilière. La gentrification est un exemple de comment les villes sont défigurées et de comment les pauvres sont refoulés vers les périphéries, plus pauvres qu’avant.

Derrière une législation complexe connaissant des micro-ajustements, et des mécaniques économiques, la réalité est simple: nous payons le prix fort pour qu’une poignée s’enrichisse sur notre dos. C’est la même logique pour l’alimentaire, la santé, etc, c’est la logique capitaliste : profit privé et étroit pour une minorité, tout le coût humain pour la grande majorité.

Évidemment l’arnaque est totale : les matières premières servant à la construction sont extraites à des coûts réduits par une main d’œuvre sous-payée dans les pays opprimés, les ouvriers du bâtiment qui travaillent dans des conditions difficiles sont eux aussi exploités : en effet, sur la richesse qui sera tirée de la construction par les propriétaires, les ouvriers n’en ont que des miettes. Les locataires vont payer et payer des loyers qui augmentent pour alimenter la rente des propriétaires, et enfin les rares personnes qui peuvent se permettre d’acheter pour eux même un logement doivent s’endetter jusqu’au cou à la banque et pour ainsi dire « vendre son âme au diable », et la banque nourrit avec les intérêts du crédit une fois de plus la rente d’une poignée de capitalistes. Le contrat de location est le collier mis au locataire, car si le propriétaire décide d’augmenter le loyer ou les charges il a le droit, dans la « limite » légale, tandis que le locataire n’a jamais son mot à dire. À tous les niveaux, de la construction à la location, les locataires sont une ressource précieuse pour une poignée de propriétaires fonciers, et qu’ils soient des bailleurs sociaux ou pas ne change rien à l’affaire. La contre-partie c’est que sans loyer, ce business juteux s’effondre. Ce business ne nous rapporte rien ce n’est pas un échange, nous payons ce que nous avons fabriqué et en contrepartie on nous prend seulement notre argent. Quelle contrepartie ! C’est véritablement une arnaque, mais une arnaque légale et encadrée par l’État : la forme y est avec les documents officiels, le jargon et tout.

Même l’ONU, qui n’a pourtant rien d’une organisation caritative, a « condamné » la France pour violation du droit au logement. « Condamné » signifie qu’ils l’ont dit, rien ne se passera évidement. Il y a par contre une chose qui est très claire, c’est que la réquisition des logements vides suffirait à ce que tous aient accès à un logement. La rénovation, l’entretien et la construction de logements décents et confortables entraînerait l’emploi de dizaines de milliers de personnes en leur donnant un savoir-faire, un métier, dont l’impact serait une augmentation globale de la santé dans la population. Pourquoi alors connaissons-nous une crise du logement ? Au fond la réponse n’est pas économique mais elle est politique, même si ces deux sujets sont intimement liés. La réponse c’est que nous n’avons aucun pouvoir pour résoudre nos problèmes, pas que nous en soyons incapables, mais nous en sommes privés. Le pouvoir appartient à la classe possédante, la grande bourgeoisie monopoliste qui détient le pouvoir d’État et qui mène sa barque contre les intérêts de l’ensemble de la société en l’exploitant de manière honteuse et criminelle, car la conséquence c’est la mort de nombreuses personnes.

Le travail réalisé par le DAL et les associations d’aide pour le logement est un travail formidable qui aide beaucoup de monde, mais sans Pouvoir aucune solution n’existe. En dernier recours ce sera toujours la logique de l’enrichissement privé qui l’emportera, et même si des miettes sont distribuées de temps en temps, elles seront reprises le lendemain avec des justifications lunaires. La solution à cela, les CPES commencent à s’en saisir : il n’y a que la mobilisation pour la lutte et l’organisation en commun qui puisse offrir une solution, et cette solution c’est que les habitants des quartiers populaires, des prolétaires, des petits commerçants, des travailleurs privés d’emploi, des étudiants (donc les masses qui font la vie du pays), s’organisent de manière autonome et opposée à toute la machine d’État et sa bureaucratie et ses organes de récupération politique qui nous laissent sans rien pieds et poings liés.

Nous avons une force immense car c’est nous qui faisons tourner la société, nous travaillons pour produire, nous nous entraidons entre voisins pour pallier l’absence d’infrastructures : la vraie politique c’est ça, pas de discours creux, pas de promesses électorales, pas d’étiquette inter-changeables, pas de privilèges. Tout est fait pour nous diviser et nous individualiser et nous faire oublier que nous formons une classe unique, et majoritaire, alors que nous ne portons pas des intérêts étroits et limités dans nos revendications, mais ceux de toute la société. L’avenir de la société et la solution à la misère, c’est l’établissement d’un Nouveau Pouvoir et le renversement de l’ancien, c’est une Révolution dans laquelle nous réglerons nous-mêmes nos problèmes.

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