Ce dimanche 28 novembre, des membres du Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité (CPES) du quartier des Etats-Unis à Lyon ont effectué une maraude alimentaire au sein des bâtiments du quartier. La distribution de ce matin-là était particulière, les activistes ayant reçu le renfort des « Daltons » de Lyon, ainsi que des activistes de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR).
Originaires du 8ème arrondissement de Lyon, les Daltons se sont fait connaître par le rap, les rodéos urbains ou encore en envahissant la pelouse du stade de Lyon lors du match OL – Sparta Prague. Leur tenue jaune et noire, clairement identifiable, fait référence aux Daltons de Lucky Luke et a contribué à leur popularité.
Depuis plusieurs semaines, le monopole médiatique dépeint ce collectif comme un groupe de « racailles », « d’imbéciles « , etc.. Cette présentation peu flatteuse fait partie du grand travail de manipulation médiatique contre les populations vivant dans les cités, travail visant à éviter que le prolétariat de France ne se reconnaisse et ne se rassemble. Systématiquement, les habitants des quartiers prolétaires sont montrés comme des barbares incivilisés, anti-sociaux, ne faisant pas partie du pays.
Bien entendu la vérité est toute autre, et beaucoup plus complexe. Ces masses sont partie prenante du prolétariat et de la classe ouvrière, la classe qui produit la richesse du pays. Pourtant, ce sont elles qui souffrent le plus des multiples crises économiques et des gouvernements successifs anti-peuple.
Étant originaire du 8ème arrondissement de Lyon, zone de travail du CPES, c’est tout naturellement que le CPES a décidé de convier ces jeunes issus des quartiers prolétaires à venir participer à une maraude, invitation qui a été reçue positivement !
Ces distributions alimentaires sont possibles grâce au travail en amont des activistes, qui organisent des sessions de récolte de nourriture devant le Auchan du quartier. Le principe est d’inclure les habitants et habitantes du quartier dans ce système d’entraide et de solidarité.
Ce travail ne se veut pas associatif. Au contraire, il vise à organiser politiquement les habitants pour leur montrer qu’en s’entraidant et en luttant avec le CPES tout est possible. Ces récoltes et distributions sont maintenant mises en place depuis plus d’un an et demi. Les CPES montrent que la politique, c’est autre chose que des encravatés élus.
Nous avons donc pu suivre cette maraude qui a duré environ une heure et demie, au cours de laquelle les participants ont pu longuement discuter avec les habitants et habitantes présentes, et également délivrer de nombreux colis alimentaires. La jeunesse des quartiers prolétaires est en réalité à mille lieues des discours dominants, elle est impliquée et dévouée à faire vivre la solidarité populaire au sein de ses quartiers.
Nous avons aussi pu observer que les habitants soutiennent les Daltons et les encouragent dans leurs justes revendications. De nombreux habitants ont mis en avant le fait que la répression contre les Daltons s’explique par l’échéance électorale qui s’approche, et que les politiciens veulent faire preuve de fermeté pour bien se faire voir de leurs électeurs. Plusieurs Daltons sont ainsi actuellement incarcérés pour des rodéos urbains et pour avoir tiré des feux d’artifices en l’air lors de la venue du raciste Bardella à la Guillotère la semaine dernière. À l’inverse, Jean-Marc Morandini, celui qui a invité Bardella à Lyon, est libre d’animer une émission sur une chaîne grand public malgré son renvoi récent devant un tribunal pour des faits de « corruption de mineurs », intervenus dans le cadre d’un casting en 2016. Les Daltons ont aussi envoyé une lettre au maire du 8ème, qui reste aujourd’hui encore sans réponse. Face à cela, ils nous disent que « cette situation n’est pas étonnante », et qu’eux-mêmes « ne voient les politiciens dans le quartier qu’en période d’élections ».
Les participants ont pu finir cette session de solidarité en réalisant une photo commune en tenant une banderole sur laquelle il est possible de lire : « Seul le peuple sauve le peuple ! », et en s’engageant à se revoir très vite pour développer les liens entre les différents collectifs.