Lors du dernier week-end du mois de mai, un Symposium1 international a été organisé par Partizan2 et soutenu par la Ligue Communiste Internationale3, à Vienne (Autriche). Cet événement avait pour thème les apports du dirigeant fondateur et martyr du Parti communiste de Turquie (TKP/ML), mort il y a 50 ans, torturé par l’armée turque. C’est un événement d’une très grande importance, car il a uni des délégations de douze pays4, dont le Pérou, la Turquie et les Philippines, où les communistes assument aujourd’hui la direction d’une révolution armée dans une Guerre populaire5.
Le premier jour du Symposium, une marche a eu lieu dans les rues de Vienne avec un grand enthousiasme général. Une grande banderole avec l’image de Kaypakkaya a été portée en première ligne, et d’innombrables drapeaux de Partizan et de la LCI ont suivi. Au début du Symposium, des messages du Comité central du TKP/ML et de la LCI ont été lu, et une minute de silence a été donnée pour les camarades qui ont donné leur vie pour le communisme, notamment Benito Tiamzon et Wilma Austria. Ces deux camarades, torturés et tués par le gouvernement philippin l’été dernier, étaient respectivement président du Comité exécutif et Secrétaire générale du Parti Communiste des Philippines (CPP). Une banderole à leur effigie, ainsi que les visages des martyrs du TKP/ML, étaient affichés dans la pièce.
Les sessions de travail ont porté sur l’influence de Kaypakkaya dans différents pays ; ainsi que l’influence de la Grande révolution culturelle prolétarienne (GRCP) et du « Grand débat » dans la lutte anti-révisionniste6 mondiale. Moment d’intense lutte des classes, la GRCP est le plus grand mouvement de masses de l’Histoire humaine. Il a marqué, de 1966 à 1976, la mobilisation en Chine pour la poursuite du socialisme, afin de ne pas laisser le pouvoir à la droite du Parti communiste, souhaitant prendre la même direction que l’Union soviétique voisine. Après la mort du président Mao, la GRCP prend fin brutalement avec le coup d’état de Deng Xiaoping, représentant la droite du parti. Les droits syndicaux sont supprimés, les opposants arrêtés, le nouveau gouvernement mène sa campagne de restauration du capitalisme, avec les résultats qu’on connaît aujourd’hui.
Partout dans le monde, la GRCP et le « Grand débat » mené entre les partis chinois et soviétique ont eu des retentissements formidables pour la vigueur du mouvement communiste. C’est dans ce contexte, cette lutte mondiale pour le triomphe du communisme, contre l’offensive révisionniste présente alors dans tous les partis communistes, que Kaypakkaya a conduit son parti sur la voie révolutionnaire. La fondation du TKP/ML et de l’Armée populaire des ouvriers et des paysans (la Tikko) en 1972 marque aussi le début de la Guerre populaire dans le pays. C’est dans cette même vague que Charu Mazumdar refonde le Parti Communiste d’Inde en 19697, deux ans après le début de l’insurrection de Naxalbari ; que José-Maria Sison mène le premier grand « Mouvement de rectification » du Parti communiste des Philippines et fonde la Nouvelle armée populaire (NPA) en 1968/1969 ; que le Président Gonzalo reconstitue le Parti communiste du Pérou en 1970, dix ans avant le lancement de la Guerre populaire dans le pays. L’événement s’est conclu dans l’enthousiasme général, avec les slogans : « Vive la solidarité internationale ! » ; « Vive la Guerre Populaire ! ».
1Séminaire ou conférence réunissant des spécialistes d’une question précise.
2Organisation de masse et organe de presse du TKP/ML.
3Organisation fondée en décembre 2022, unissant les partis et organisations communistes de 14 pays.
4Au total des délégations de Turquie, du Brésil, du Pérou, de Suède, de Norvège, d’Espagne, de Finlande, de Colombie, d’Allemagne, d’Autriche, des Philippines et de France ont participé à l’événement.
5La Guerre populaire prolongée (GPP) est une stratégie militaire formulée par le Président Mao, qui repose sur l’organisation d’un conflit armé prolongé mené par les masses opprimées, dirigées par le Parti communiste, pour faire naître la société socialiste débarrassée de toute exploitation.
6L’anti-révisionnisme s’oppose aux prétentions de « révision » des bases du marxisme dans le mouvement ouvrier, ici la remise en cause de la révolution par une majeure partie du Mouvement Communiste Internationale, portée par le Parti communiste d’Union soviétique, mais aussi par le PCF en France sombrant dans le réformisme.
7Il fonde le Parti communiste d’Inde (marxiste-léniniste), qui sera la principale composante fondatrice du Parti Communiste d’Inde (maoïste) en 2004, dirigeant aujourd’hui la Guerre populaire en Inde.