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[Tribune des lecteurs] La question écologique pour les révolutionnaires

Le Comité de Rédaction de Nouvelle Epoque a décidé de publier cet article soumis par un lecteur.

En 2023, personne n’a pu échapper aux conséquences du réchauffement climatique dans l’État français. Canicule record dans le sud méditerranéen avec plus de 40° de Toulouse au Rhône pendant plusieurs jours, sécheresse hivernale record, vagues de chaleurs automnales (!) et inondations, glissements de terrains suite à des pluies qui arrivent trop vite sur des sols desséchés.


Carte des températures lors de la canicule d’août 2023 en France

Ce bilan climatique est catastrophique, humainement parlant : non seulement la chaleur entraîne de la surmortalité (+ 400 morts comparé à une période sans canicule), sans parler des autres conséquences sur la santé, mais aussi sur la production et le travail : récoltes agricoles gâchées, activités économiques stoppées (37 milliards € de pertes économiques dues aux canicules entre 2015 et 2020). Et évidemment sur nos environnements, qui évoluent désormais dans un nouveau climat auquel ils ne sont pas forcément adaptés, en résultent déclin d’espèces animales et végétales, changement des paysages et forcément ceci a un impact sur nous humains, car nous ne sommes pas déconnectés de notre environnement : c’est celui-ci que nous transformons pour vivre.


Champs de tournesols desséchés dans le Sud Ouest en 2022

Face à cela, nous pourrions nous dire : Qui aurait pu prévoir ?
En effet, comment adapter notre société aux aléas du climat que les industries capitalistes transforment quand celles-ci, dont particulièrement Total, Shell et les autres monopoles du fossile ont volontairement invisibilisé les études des scientifiques dans les années 1950-1960, prouvant que le taux de CO² dans l’air augmentait, étant donc corrélé avec l’augmentation de la température moyenne de l’air depuis 1800 ?


Graphique montrant la corrélation entre augmentation du taux de CO² et augmentation de la température moyenne, en prouvant donc le lien avec le mode de production capitaliste.

Comment adapter nos sociétés lorsque les politiciens et médias entretiennent le climatoscepticisme depuis des années afin de tromper les masses et d’éviter de parler de vrais sujets qui les concernent ? Le monopole médiatique réactionnaire Cnews invite des gens qui affirment que « Le climat a toujours changé » rendant donc le changement climatique actuel tout à fait relatif, alors que celui-ci se déroule sur une échelle de temps extrêmement plus courte que les milliers d’années que furent la transition entre la glaciation de Würm et l’Holocène dans lequel les hommes ont pu prospérer il y a 12 000 ans, rendant aussi relative la réalité matérielle; et d’autres qui disent que « Il a fait 18 degrés dans mon village en Bretagne« , là aussi omettant des faits matériels, déjà car la Bretagne est une région avec un climat spécifique – qui d’ailleurs n’est pas épargnée par le changement climatique comme l’ont prouvée les feux sur les monts d’Arrée en 2022 – et puis politiquement, c’est pointer le moins pire ailleurs pour ne pas accepter que y a du pire ici et que la situation est globale, utiliser le particulier pour aller contre l’intérêt général.


Avant/après des incendies dans les Monts d’Arrée en Bretagne, 2022

En fait, ce que l’on peut constater de façon générale, c’est que les capitalistes sont prêts à mentir jusqu’à se faire reprendre par la planète entière pour continuer leurs profits sans se faire déranger par quelques scientifiques de Harvard ou des manifestants écologistes.

Le problème, c’est qu’à un moment, ces scientifiques et militants écologistes, dont certains sont intégrés à la superstructure de l’État capitaliste (partis politiques, directions des universités, etc.) ont effectivement fini par poser problème. Cependant l’État bourgeois, comme stratégie de défense surtout dans nos sociétés impérialistes pacifiées, va intégrer la critique de ces militants et scientifiques a son fonctionnement pour les rendre inoffensifs, car il sait que se remettre en question, ça serait abandonner le principe même du capitalisme, le profit : c’est à cause de ce principe que la planète connaît une crise écologique).

En France, cela va se traduire par la création en 1971 du ministère de l’environnement, qui sous Macron, va devenir hypocritement « Ministère de la Transition Écologique ».
Si quelques « changements » politiques vont avoir lieu, notamment le « développement » de transports publics, d’énergies « vertes » (éoliennes, solaires), ou de réserves et parcs naturels, l’aspect principal étant que le gouvernement va se servir de ces entreprises pour se « greenwasher » (comprendre se dédouaner de toutes responsabilités dans la crise écologique actuelle). C’est en réalité l’aspect principal, car pendant qu’on essaye de nous berner en nous faisant croire que la France serait écologique car il y aurait tant d’éoliennes dans l’Aude ou le Nord, la réalité c’est que les industries françaises elles, polluent ailleurs.

Et il ne s’agit pas que de la France en réalité, les plus gros pollueurs sont les Etats-Unis et la Chine, deux puissances impérialistes, qui redoublent d’efforts pour se concurrencer : cela montre que c’est une question politique, car c’est l’impérialisme et la course aux profits qui provoquent cette situation. Pire encore, elles polluent sur leur propre territoire mais aussi en dehors : la Chine, en installant ses usines en Afrique ne respecte pas les environnements, polluant alors les villes et campagnes. Les Etats-Unis eux sont connus pour être des grands empoisonneurs partout où ils passent : sols incultivables au Vietnam suite à la guerre, monocultures qui détruisent les sols dans les Républiques Bananières et Latifundias d’Amérique latine, etc.


Carte des Principaux Pollueurs dans le monde. Les pays opprimés en rouge (Inde, Indonésie, Brésil…) le sont principalement à cause des monocultures et giga-fermes qui y sont forcées par les capitalistes et l’exploitation d’énergies fossiles là aussi commandée depuis les centres impérialistes.

Il est impossible à l’échelle mondiale dans le cadre impérialiste de cadrer ces puissances : les différentes mascarades de l’ONU comme le GIEC, groupe de scientifiques reconnus internationalement sur la question du climat, ou le Sommet de Rio de 1992, où il a été posé des limites au développement, le « développement durable », l’ont prouvé. La question se pose aussi régulièrement lors des hypocrites COP (Conférences des Parties), dont la dernière, la COP28, se déroule au Qatar, pétromonarchie compradore vendue aux USA, ce qui explique leur politique vis à vis de la Palestine.

Or aujourd’hui, alors que les accords de Paris ont fixé une limite au réchauffement de 1,5°C, on en est à 1,4°C, ce qui montre l’incapacité de régler ce problème dans le cadre des structures impérialistes globales.

Le « développement durable » implique le développement, et ce dans les règles capitalistes, et pas des masses, car elles ne dirigent pas. Les capitalistes, conjuguant leur besoin de faire du profit et celui de pacifier les masses vont favoriser et créer des mesures qui peuvent paraître bonnes, mais sont en fait mauvaises.


Favoriser la voiture électrique ? Très bien, mais où on va chercher de quoi faire les batteries ? En Afrique, dans des pays semi-coloniaux et semi-féodaux. C’est une des raisons de la guerre au Congo par exemple : des groupes rebelles sont financés par les puissances impérialistes, les gouvernements sont corrompus, permettant aux impérialistes de tirer leur épingle du jeu dans le chaos de la guerre. Les avantages fiscaux pour les usagers de voitures électriques compensent et comme cela, on détourne l’attention, on fait croire que c’est ça qui va empêcher les canicules ou les inondations.
Il fait trop chaud en été ? On installe des brumisateurs (comme ceux installés dans le quartier de la Reynerie à Toulouse) au lieu d’aménager de nouveaux lieux de baignade (le quartier contient littéralement… un lac ou la baignade est interdite !) car cela coûterait trop cher. Cependant on ouvre quand même une base nautique avec des « jeux à eau », qui, dans un climat méditerranéen sensible à la sécheresse, ne sont pas adaptés du tout. Il est assez drôle d’ailleurs de voir cela dans un contexte de destruction du quartier où la mairie va abattre 200 arbres, dont de nombreux pins parasols, arbres adaptés au climat chaud et plutôt ensoleillé du Sud, et construire des logements en blocs blancs, avec des espaces bétonisés, car cela rapporte plus d’argent au final que de laisser les bâtiments actuels en place.


Déplacement de réfugiés congolais, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées depuis le début du conflit dans les années 90.
Quartier de la Reynerie à Toulouse.

En fait, le capitalisme ne peut pas s’attaquer aux racines du réchauffement climatique vu que ce sont les siennes. Le projet « A69 » proche de Toulouse par exemple, en plus de détruire zones humides et terres agricoles, va coûter 17 € au péage, pour le compte du monopole Pierre Fabre, malgré une opposition large. Il y a aussi l’exemple du barrage de Sivens, construit dans une zone humide, assez rare dans un département sujet a la sécheresse estivale. D’ailleurs, c’est dans cette ZAD (zone à défendre) que l’Etat a tué le militant Rémi Fraisse, recourant à la violence lorsque son masque tombe. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, alors que celui de Nantes existait déjà, allait détruire des terres agricoles et des zones humides accueillant des espèces uniques. Parfois même au nom de l’écologie, comme l’écoquartier de la Villeneuve à Grenoble, où les immeubles seraient plus écologiques que le quartier actuel (ce qui justifierait donc de virer les 10 000 habitants prolétaires du quartier), ou l’exemple parfait, les mégabassines de Sainte-Soline, où l’on stocke de l’eau à l’air libre (donc sujette à évaporation), pour des riches particuliers, au mépris des petites exploitations ! Le lien entre tous ces projets, de la ville à la campagne, c’est le renforcement de l’impérialisme et de ses flux via son aménagement territorial.


Manifestation suite à la mort de Rémi Fraisse à Sivens dans le Tarn.

Nous avons pire encore : quand l’impérialisme en vient à punir les masses car c’est elles qui « pollueraient ». C’est le sens qu’essayent de donner les bourgeois aux taxes sur l’essence (pour rappel, étincelle qui déclencha le mouvement des Gilets Jaunes), alors que c’est juste l’inflation QU’ILS causent qui est la raison, ou encore la mesure Crit’Air qui exclut de la ville les prolétaires pas assez riches pour s’acheter le dernier véhicule aux normes. Le but est de rejeter le fardeau sur le dos des masses, de leur faire payer la crise, pour dédouaner le système capitaliste.

Carte des ZFE (Zones Franches Urbaines) ou les véhicules trop anciens ne pourront plus circuler dans un périmètre allant du centre- ville à tout le cœur de l’agglomération, exemple parfait du terme « écologie punitive ».

Qui dit impérialisme, dit réactionnarisation, mais qui dit réactionnarisation, dit tendance à la Révolution, car l’un n’évolue pas sans l’autre ; et cela nous l’avons constaté cette année, surtout avec le mouvement Soulèvements de la Terre, qui se sont révoltés cette année, qui ont agi contre les mégabassines, qui accumulent toutes les contradictions de ce système, et contre les cimenteries de l’A69, autoroute vers l’accélération de la crise impérialiste et ses problèmes : inflation, guerres (rappelons que Lafarge, qui était impliqué dans la guerre en Syrie-Irak, participe à la construction de l’A69).

Incendie volontaire de bétonnières lors d’une manifestation contre l’A69 Toulouse-Castres dans le Tarn.

La voie est donc toute tracée : la Révolution, le pouvoir aux masses et principalement aux prolétaires, qui sont les seuls à pouvoir abattre l’impérialisme d’un coup de hache. À ceux qui disent : « Qu’est-ce que l’on fait maintenant » : nous répondrons : s’organiser dans nos quartiers principalement (car c’est là où vit la majorité de la population), et secondairement villages et campagnes, pour régler politiquement (c’est à dire, en vue de renverser l’état bourgeois et de prendre le pouvoir), les questions concrètes des masses qui vivent ces territoires, donc évidemment sur des questions écologiques : la pollution d’un milieu naturel, l’installation d’une multinationale polluante, combattre la propagande pseudo écologique d’une mairie bourgeoise pour un projet anti peuple…


À ceux qui répondront « Qu’est-ce qu’on fait après », les solutions existent déjà : nous avons d’où vient le problème mais les solutions sont impossibles à mettre en place dans le cadre capitaliste. Nous aurons la force matérielle de changer les choses sous le Socialisme, notamment les façons de produire, de vivre, d’habiter, de se déplacer, etc. Les masses dirigeront, donc les besoins seront rationalisés et dirigés pour éviter les excès et les pollutions, sans tomber dans la décroissance réactionnaire (car le progrès humain s’est toujours fait en produisant, en modifiant la nature et en créant de nouvelles choses). Le développement de la science qui ne sera plus entravée par la question du profit permettra de régler les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présenteront, comme cela a toujours été le cas. La contradiction entre la ville et la campagne sera supprimée petit à petit, annulant ses effets néfastes sur l’environnement.


L’humanité vivra en harmonie avec les environnements qui l’entourent et trouvera toutes les solutions pour subvenir aux besoins de chacun.

Du Drapeau Vert de la ZAD au Drapeau Rouge de la Révolution, Organisons nous politiquement !

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