Le Comité de Rédaction de Nouvelle Epoque a décidé de publier cet article soumis par un lecteur au sujet de la panthéonisation du résistant Missak Manouchian et de ses compagnons, et tient à préciser qu’il peut ne pas partager toutes les prises de position de l’article.
Vous pouvez retrouver ici un autre article publié en juin 2023 lors de la première annonce de cette « panthéonisation ».
Dans quelques heures Missak Manouchian et sa femme Mélinée seront enterrés au Panthéon, monument parisien où reposent les « figures de l’Histoire de France ».
Missak et ses vingt-trois camarades, juifs, républicains espagnols, apatrides ne se sont pas simplement « battus pour la France » ils ont lutté contre le fascisme hitlérien comme tous les résistants mais ont cette particularité centrale d’être tous des militants communistes qui ont fait le sacrifice le plus grand, le plus haut en donnant leur vie pour le peuple.
Missak et ses camarades ont préparé le terrain, en versant leur sang comme des dizaines de milliers de membres du glorieux Parti Communiste de France, pour la conquête des acquis sociaux de 1945, la retraite ou la sécurité sociale.
Quelle ignoble hypocrisie quand on sait avec quelle violence et détermination la bourgeoisie s’est attaquée à ces grandes conquêtes payées par le sang entre autre des fusillés de l’Affiche Rouge.
Cette hypocrisie révèle toujours plus son infamie lorsqu’il a été rendu public que Marine Le Pen, dirigeante du RN, a été conviée à cette cérémonie, malgré qu’elle soit la fille du boucher tortionnaire du peuple algérien Jean-Marie le Pen, fondateur du FN. Le FN a été fondé par une clique de collabos, de miliciens vichystes, d’ex-pétainiste, de membres de la Waffen SS, de la division Charlemagne etc.
Ainsi on accepte à l’hommage à des résistants communistes la présence des héritiers directs de leurs bourreaux.
Ce scandale atteint son comble lorsqu’on sait que les derniers résistants FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans, Main d’œuvre immigré) n’ont pas été conviés à la cérémonie, leur demande de participation ayant reçu une fin de non-retour.
C’est le cas notamment de Léon Landini, figure de la résistance communiste lyonnaise qui dénonce avec fureur le mépris de l’Etat Français qui a sciemment ignoré sa requête d’invitation pour l’hommage. (ndlr = après un tollé suscité par cette nouvelle, Léon Landini a reçu une invitation moins de 48 heures avant l’hommage)
Pourquoi la bourgeoisie organise cette évènement maintenant ?
Il y a évidemment une dimension politique forte derrière cette panthéonisation, on ressort à peine d’une loi ultra-réactionnaire anti-immigration et l’État en pleine réactionnarisation cherche à masquer la crise profonde du système capitaliste en désignant comme responsables des malheurs du peuple les immigrés, on essaye de démontrer qu’il y a des bons immigrés, patriotes, travailleurs et qui ne font pas de vagues ; et des mauvais immigrés, des immigrés islamisés parasites.
Si Macron parle de Missak Manouchian 80 ans après sa mort, c’est pour répondre à ses dessins politique, donner un exemple d’un « bon immigré assimilé », l’engagement communiste de Manouchian étant évidemment au mieux vaguement mentionné en sous-texte.
Macron et sa clique n’en ont que faire de Missak Manouchian et de l’Affiche Rouge. Ils ne pensent que par calcul politique, comme avec l’interview dans le torchon révisionniste qu’est devenue l’Humanité au cours de laquelle le P’C’F offre une tribune ouverte à Macron dans laquelle il affirme qu’il ne fallait pas laisser le « combat contre l’immigration clandestine à l’extrême droite ». Rappelons que l’immigration clandestine a pourtant vu naître la grande majorité des combattants et combattantes de l’Affiche Rouge.
Cet hommage n’est qu’une insulte, une provocation, un crachat fait par la bourgeoisie sur la tombe des Héros de la Résistance.
Missak et ses camarades n’ont pas leur place dans un Panthéon de la bourgeoisie, leurs corps n’ont rien à faire aux côtés de ceux des maréchaux napoléonien ou de Jean Monnet : Missak, Mélinée et les autres ont consacré leurs vie à abattre la bourgeoisie, à organiser la Révolution Socialiste. La mémoire de nos camarades ne sera pas honorée à travers une cérémonie projetée sur les chaînes télévisées des monopoles médiatiques bourgeois, ils sont honorés au quotidien par la jeunesse prolétaire de France, leurs noms résonnent dans les soulèvements de Juin et dans les actions quotidiennes des dignes héritiers des Bataillons de la Jeunesse.
Missak, les glorieux combattants de l’Affiche Rouge et tous les autres vivent dans l’ardente lutte du prolétariat de France, alors ne laissons jamais les corps de nos camarades bafoués par les pires réactionnaires !
80 ans après nous nous souvenons du sacrifice de nos camarades et nous levons toujours plus haut le Drapeau Rouge de ceux qui étaient «Amoureux de vivre à en mourir», nous affirmons avec certitude que leurs corps reposeront tôt ou tard dans la France Socialiste pour laquelle ils ont donné leur vie.