Mardi 21 mars à Lille, Nadir un lycéen de 19 ans meurt des suites d’un malaise cardiaque en passant le bac, au lycée Gaston-Berger. Il est mort sous les yeux des autres lycéens qui se sont inquiétés immédiatement, et sous les yeux du personnel resté indifférent. Cet événement horrible nous montre toute la barbarie que peut produire notre société. Pendant 20 minutes le personnel a complètement ignoré le jeune homme effondré au sol, continuant à faire signer la feuille de présence tout en faisant taire les protestations. Le proviseur est arrivé pour surveiller en personne le bon déroulé de l’examen, alors qu’au sol le jeune homme inerte devenait cyanosé, et menaçait même les élèves qu’ils n’auraient pas le bac si ils quittaient la salle, en leur disant que ça arrivait et que ça faisait partie de la vie.
Comment une telle chose a pu se produire ? Comment peut-on laisser quelqu’un mourrir sous ses yeux ? Une élève a tout de même eu la présence d’esprit de le mettre en position latérale de sécurité ne pouvant rien faire d’autre, elle s’est servie de ses connaissances pour être utile aux autres. Le personnel de l’établissement est responsable de la mort de ce jeune homme, ils ont commis un crime.
Une institution qui doit tourner au détriment de la vie humaine, au mépris des besoins les plus vitaux, voilà ce que cette société a à nous offrir, ce n’est pas un incident, c’est le fruit de quelque chose. Voilà pourquoi en ce moment des barricades et des feux sont allumés dans les rues, ce ne sont pas deux choses différentes et éloignées, ce sont deux reflets du même problème de fond.
La jeunesse a le devoir de s’insurger contre une autorité illégitime. Tout l’appareil d’Etat se mobilise pour endoctriner la jeunesse avec le SNU, pour l’habituer à obéir de manière docile et à accepter l’ordre établi, accepter la normalité inhumaine de notre société. Le rapport de professeur à élève devrait être centré sur l’apprentissage et la connaissance car ils sont égaux, et non sur une hiérarchie de l’ancien temps qui étouffe le développement de la jeunesse et sa maturation. La jeunesse s’est toujours montrée à la hauteur des révoltes populaires car elle incarne l’avenir de la société, elle était en première ligne contre le régime autoritaire de De Gaulle, elle est de nouveau en première ligne contre le régime en pleine réactionnarisation de Macron.
Plus de 400 milliards sont investits dans l’armée, rien dans l’éducation, rien dans la santé, et la réforme des retraites va contraindre des millions de personne à endurer la pénibilité du travail plus longtemps pour permettre à une bande de criminels et de voleurs de s’enrichir et de décider de l’orientation de tout le pays pour leur seul profit, méprisant la dignité humaine. C’est contre cette injustice fondamentale que les masses se révoltent avec une lucidité toujours plus aigue.
Une jeunesse consciente n’aurait pas laissé l’un des leurs mourir sous ses yeux, elle aurait épinglé en règle ceux qui leur disaient de rester assis et d’ignorer leur ami en détresse allongé par terre et se serait occupée elle même de prévenir les secours. C’est cette conscience là qu’il faut libérer, et balayer la crainte de rompre avec la « normalité » et avec le cadre « normal » des choses. La rébellion est juste et légitime. Tout le poids des institutions vise à briser la rébellion, à briser mentalement les individus pour qu’ils se résignent et qu’ils acceptent l’inacceptable. C’est ce processus qui conduit au mal-être, au stress au travail, car on nous prive de ce qu’il y a de plus vivant en nous, c’est ce processus qui dépolitise et nous habitue à notre impuissance. La jeunesse veut un avenir, elle veut servir la société et que sa vie ait un sens, et sa parole est légitime, et sa colère est légitime. Il n’y a aucune fatalité et rien n’est joué d’avance : les problèmes que rencontrent la jeunesse, la jeunesse peut les résoudre. La parole doit se libérer contre l’intimidation et le harcèlement institutionnel.
La mort de ce jeune homme est un crime odieux, tous ceux qui y ont participé sont complices, ils sont à l’image du crime organisé au plus haut sommet de l’Etat, ils appartiennent au Vieux Monde ! Ce Vieux Monde est en train de trembler et plus il tremble et plus il est ignoble. Participer à le fragiliser et à le démolir est une tâche révolutionnaire. Que la jeunesse se rassemble et s’organise pour la Révolution, l’avenir lui appartient !