L’émotion était présente ce mercredi 6 mars pour Rachid et les habitants des États-Unis venus le soutenir.
En effet, suite au licenciement par Grand Lyon Habitat de cet ancien gardien d’immeuble début janvier, la grogne a gagné les habitants le connaissant, et la solidarité s’est construite très largement, jusqu’à la tenue d’un rassemblement, mercredi 6 mars.
Revenons sur l’histoire autour de ce licenciement : en novembre dernier, le gardien est réveillé un matin à 7h par plusieurs agents de police qui tambourinent à sa porte. En cause, une vaste descente policière dans le quartier des États-Unis. Les forces de police lui demandent alors les clés des caves. Le gardien tombe alors sur 4 jeunes, menottés et à genoux, et, malmené, sous pression et totalement déstabilisé il répond ne pas les avoir.
A l’arrivée du directeur d’agence plus d’une heure plus tard, ce dernier s’en prend lui aussi au gardien, qui lui donne les clés en lui expliquant qu’il les avait retrouvées après la demande des agents de police, qu’il ne veut pas faire entrave à la police mais qu’en plein milieu de l’opération il a préféré attendre son supérieur.
La suite est cocasse ou effarante, au choix : les 4 jeunes sont relâchés faute de preuves, les garages forcés par le serrurier se révèlent vides, et l’exploration des caves n’offre absolument aucun élément pour l’enquête.
Ni la police ni la justice ne reproche par la suite à l’ex-gardien d’avoir entravé l’enquête, mais Grand Lyon Habitat si, et le directeur d’agence entame une procédure disciplinaire à l’égard de son employé pour faute grave, entrave au travail de la police, et une attitude qui aurait été irrespectueuse et proche de l’insubordination face à son supérieur.
Alors que son travail est reconnu et salué par ses collègues et les habitants, la preuve en est avec la vague de solidarité qui déferle, Rachid est finalement licencié en janvier, après plusieurs mois de procédure, ne touchant après plus de 30 ans de travail chez GLH qu’un peu plus de 2000€ et devant rendre son logement de fonction.
En effet, son logement de fonction est remis sur le marché des logements privés, ce qui implique que le prochain gardien d’immeuble, qui sera potentiellement un employé en sous-traitance, n’aura pas de logements de fonction. Le bailleur ferait ainsi d’une pierre deux coups, récupérant un logement de plus à ajouter à son parc immobilier, et se débarrassant de la gestion des employés qui serait déléguée à un intermédiaire.
Face à cette nouvelle démonstration des méthodes indignes et voyous de Grand Lyon Habitat, le CPES et Rachid décident d’organiser un rassemblement devant chez lui, à une centaine de mètres de l’agence États-Unis du bailleur.
Environ 60 personnes se sont donc retrouvées lors du rassemblement pour écouter les différentes prises de parole, signer la pétition de soutien ou discuter de la suite à donner à cette mobilisation.
C’est d’abord Rachid qui a remercié longuement les personnes venues le soutenir, appuyant sur le fait que la mobilisation collective est la force des «petits contre les gros».
Une porte-parole du CPES a ensuite appuyé cette déclaration, appelant à poursuivre le combat, et insistant sur le fait que le comité continuerait de lutter aux côtés de Rachid et de tous les habitants maltraités par le bailleur voyou GLH.
«Nous profitons de cette occasion pour vous informer qu’une procédure judiciaire de mise en demeure est actuellement en cours pour exiger un contrôle de ces charges venant coupler toutes nos mobilisations populaires, et nous affirmons également que nous soutiendrons Rachid autant qu’il le faut jusqu’à qu’il obtienne réparation, car que ce soit Rachid ou les charges, nous sommes face à un même problème : des habitants de quartiers populaires méprisés, comme le sont les travailleurs dans les usines ou les femmes reléguées à des boulots secondaires et sous-payées.»
Nous avons aussi pu interroger Coralia, membre du CPES, sur les suites de cette mobilisation :
Nouvelle Époque (NE) : Bonjour, merci de répondre à nos questions. Tout d’abord, comment avez-vous eu connaissance de cette affaire ?
Coralia : Alors, on a eu connaissance de cette affaire car Rachid a contacté le CPES. En effet, il avait déjà vu notre travail dans le quartier, c’est une de ses voisines qui lui a fourni notre contact.
NE : Maintenant que ce rassemblement est réalisé, que préparez-vous pour poursuivre le combat contre cette injustice ?
Coralia : Ce qui est ressorti de ce rassemblement c’est que tout le monde veut aller plus loin, faire un rassemblement devant l’antenne des États-Unis de Grand Lyon Habitat pour affirmer leur mécontentement face à cette injustice. Nous allons continuer de diffuser cette affaire dans le quartier pour que les locataires soient au courant que GLH les méprise mais méprise aussi ses employés.
NE : Vous parlez du mépris de Grand Lyon Habitat à l’encontre de ses locataires, cela nous emmène sur la question de votre lutte contre les charges abusives, pouvez-vous nous dire où en est la situation ?
Coralia : Nous avons entamé une première procédure judiciaire de mise en demeure à travers un avocat afin d’obtenir une vérification des charges. Nous ne sommes pas dupes, nous avons conscience que ce n’est pas uniquement par la voie judiciaire que nous arriverons à nos fins, mais c’est un outil permettant de montrer une fois de plus qu’ensemble nous sommes forts, et afin de démasquer les magouilles mafieuses de Grand Lyon Habitat.
NE : Enfin, dernière question : que souhaitez-vous dire à tous ceux qui sont dans la même situation, qui sont écrasés par des bailleurs voyous ou des patrons malhonnêtes et qui subissent des injustices ?
Coralia : Je reprends une phrase de Rachid, on va «montrer aux gros que les petits quand ils sont tous ensemble, ils sont forts». Voilà le but du CPES, recréer de la solidarité dans le quartier pour pouvoir lutter, pour avoir conscience que collectivement nous sommes une force et pour remporter des victoires et ne plus se laisser faire.
NE : Souhaitez-vous rajouter quelque chose ?
Coralia : Comme tout le monde dans le quartier l’a bien compris, la situation de Rachid n’est ni anodine ni isolée, elle nous rappelle les difficultés auxquelles tout le monde fait face, et aujourd’hui il faut lutter ensemble pour rendre justice au peuple qui ne se laissera plus faire, pour tous ceux qui ont été écrasés et n’ont pas pu rendre les coups.
NE : Merci, et à très bientôt !
Coralia : Merci à vous, bonne soirée.